Des rafales de vent allant jusqu’à 230 km/h et de fortes pluies orageuses. Le cyclone Garance est passé vendredi 28 février sur l’île de La Réunion, ravageant sur son passage pylônes électriques, routes et voitures, inondant par la même occasion rues et bâtiments jusqu’à provoquer la mort de quatre personnes. « Même si nous étions préparés, le cyclone a été très puissant », a déclaré dimanche le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en promettant « deux vagues de renforts nationaux (…) pour venir en aide à la population » d’environ 880 000 âmes, avec une centaine de pompiers mobilisés.
Le secteur de la santé n’a pas été épargné par le cyclone, en ville comme à l’hôpital. « En trente ans à La Réunion, je n’ai jamais vu autant de dégâts : c’est une stupéfaction dont on se remet tout doucement, soignants comme patients », confie au Quotidien la Dr Christine Kowalczyk, présidente de l’URPS médecins libéraux de La Réunion et Mayotte. Certains de ses confrères praticiens ont pu rouvrir leur cabinet, mais beaucoup sont victimes de perturbations majeures : pas d’eau courante, d’électricité, d’internet et d’accès aux dossiers médicaux…
Le maintien à domicile compromis
« Nous avons le sentiment d’être isolés dès que nous n’avons plus de réseau ou que nous ne pouvons pas nous rendre physiquement au cabinet, en raison de l’état de la route ou de notre voiture, ce qui nous empêche de travailler », ajoute la généraliste.
L’accès à l’électricité n’étant pas rétabli partout (60 000 foyers en sont toujours privés ce lundi), les professionnels de santé ne peuvent pas, pour l’instant, être priorisés. La Dr Kowalczyk espère que ce sera le cas dans les prochains jours. En attendant, certains s’équipent de groupes électrogènes, cas d’exception loin d’être idéal.
Les patients, qu’elle a vus ce jour en cabinet, sont encore sous le choc. « Leur niveau d’anxiété est très important », raconte-t-elle, le décrivant plus fort que lors du passage du cyclone Belal l’an passé. Et se pose, en filigrane, la question des patients ne dépendant pas de soins immédiats, mais qui ont besoin de dispositifs médicaux ou du passage d’infirmiers à domicile. « Rien n’est pensé pour eux », alerte la présidente de l’URPS-ML. « Ils ne peuvent ni aller en centre d’hébergement, ni être pris en charge à l’hôpital… C’est un véritable trou dans la raquette, que nous avions déjà signalé. » Par ailleurs, une cellule d'urgence médico-psychologique va être mise en place.
Dix centimètres d’eau en réa pédiatrique
En outre, les établissements de santé de La Réunion sont eux aussi percutés à grande échelle. Le Pr Peter von Theobald, président de la CME du CHU de La Réunion, raconte que « le site nord a des gros problèmes d’infiltration d’eau, lié à la vétusté des immeubles. Celui le plus touché, à l’est, abritant la réanimation pédiatrique, a été inondé, avec 10 centimètres d’eau par terre ». Une cellule de crise a été ouverte ce lundi 3 mars. « Le CHU a du mal à s’en remettre : nous sommes dans une situation critique. Nous avons un gros problème capacitaire, avec beaucoup de patients fragiles ou âgés que nous récupérons », commente le PU-PH.
La Réunion étant l’un des départements avec le moins de lits par habitant et faisant face au vieillissement de la population, l’absence de ces lits devenus impraticables est préjudiciable pour l’accès aux soins, regrette-t-il. Le président de la CME attend un accompagnement du gouvernement, en plus des assureurs, tandis que le bilan des dégâts est en cours de finalisation. « Il faudra reconstruire pour pouvoir rouvrir la totalité des services pour le public », affirme-t-il. Les déprogrammations de médecine ou chirurgie anticipées dès la veille du passage du cyclone constituent un manque à gagner significatif, conclut le Pr von Theobald. Et même si la phase de reprogrammation a déjà commencé, la route de la reconstruction sera longue au regard de la situation économique du CHU, lourdement endetté.
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