François Braun est ministre de la Santé et de la Prévention depuis un peu plus d’un an et met en avant son bilan. Si son avenir avenue Duquesne est incertain en raison d'un probable remaniement dans les prochaines semaines, lui s'affiche comme un ministre déterminé et résolument à la tâche.
Devant la commission des Affaires sociales du Sénat qui l’auditionne ce jeudi 6 juillet, il détaille sa motivation à « avancer dans la transformation du système de santé », avec comme boussole « la lutte contre les inégalités ». L’ancien urgentiste évoque sa méthode « qui n’a jamais varié » : partir des besoins de terrain et apporter des solutions adaptées à chaque territoire, comme l’ont prouvé les travaux du CNR Santé, affirme-t-il.
Ses mesures issues de la mission flash « ont montré leur efficacité, avec une baisse de 5 % de la fréquentation des services d’urgences ». Une baisse historique, en excluant la période Covid. Les dispositions qui ont fait leur preuve ont été reconduites ou pérennisées, argumente-t-il, notamment pour les généralistes : majoration de l’acte à 15 euros pour les patients adressés par le Service d’accès aux soins et régulation à 100 euros l’heure. Le SAS couvre « plus de 50 % de la population, avec 34 projets en activité », indique en complément le ministre, qui espère que le dispositif se généralisera dans les prochains mois.
Une session parlementaire « prolifique » en santé
Pour cet été, l’objectif annoncé est de « donner des bons réflexes aux citoyens ». Ainsi, « une grande campagne d’information sur le bon usage du système de santé et des gestes simples en cas de chaleurs ou de piqûre de guêpe », déjà portée par les agences régionales de santé (ARS) va être diffusée. François Braun souhaite ainsi que les Français continuent à appeler le 15 avant de se rendre aux Urgences, de manière à avoir « une réponse adaptée ». Il a également souligné « l’investissement des généralistes qui ont trouvé des solutions alternatives, comme les maisons médicales de garde ou des continuités de soins, grâce aux communautés professionnelles territoriale de santé », parfois avec de la télémédecine, qui permet d’éviter le recours aux Urgences, en collaboration avec des infirmiers.
Sujet prioritaire du président – à l’instar de l’éducation et l’environnement – la santé a été « prolifique » lors de cette session parlementaire, se réjouit le ministre. Il cite la proposition de loi Rist et ses avancées dans un « meilleur partage des compétences », mais également la PPL Valletoux. Ou encore la PPL Retailleau, au Sénat, sur la quatrième année du DES de médecine générale. Celle-ci a été actée dans la LFSS 2023 et comme il s’y est engagé, tient-il à préciser, « son application sera pour la rentrée prochaine », puisqu’il signe ces jours-ci les derniers documents. Il la qualifie même de « disruptive », car son mode de financement spécifique (un fixe salarial et une rémunération à l’acte plafonnée) n’existe dans aucune autre spécialité.
53 000 patients en ALD ont trouvé un MT
Le ministre donne également des chiffres inédits. Le plan d’« aller vers » pour les patients en affection longue durée (ALD) a permis à 53 000 d’entre eux de trouver un médecin traitant. « Soit l’équivalent de la population de la ville de Bobigny », commente-t-il. François Braun fait également état d’un bilan parlant pour le dispositif MonParcoursPsy, avec, au mois de juin 2023 près de « 600 000 consultations pour plus de 130 000 patients ».
Interrogé sur les rendez-vous prévention, le ministre, gêné, répond que leur mise en œuvre « avance… mais ce n’est pas si simple ! Je pensais honnêtement y arriver plus vite », avoue-t-il, avant de donner quelques informations inédites. « Le 1er octobre, une première consultation à l’âge de 45-50 ans se mettra en place, car c’est la plus importante en termes de santé publique. Les trois autres seront opérationnelles au 1er janvier 2024 ». L’idée étant, « que ce ne soit pas un rendez-vous "one shot" mais qu’il ouvre sur un parcours de soins », rappelle-t-il. Aussi, le 14 septembre, l’engagement sport-santé avec un parcours de soins dédié suite aux rendez-vous de prévention pour l’obésité ou le tabagisme sera dévoilé, annonce-t-il. Sur le cannabis thérapeutique, actuellement en expérimentation, « nous respectons la procédure habituelle » : une décision sera donc prise en 2024, confirme François Braun.
Un plan de lutte contre le tabac à venir
Pour le prochain PLFSS, l’idée est donc de travailler « sur l’attractivité des professions de santé et le virage prévention », confie aux sénateurs le ministre de la Santé, qui se montre concerné et déjà au travail. Le prochain Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) contiendra des « logiques de santé publique, sur l’antibiorésistance, la pénibilité et un plan de lutte contre le tabac », renseigne-t-il. Une augmentation progressive du prix du tabac, ainsi que des produits contenant de la nicotine, est à prévoir, à l’instar d’une interdiction des « puffs ». Puisque « l’augmentation structurelle de l’Ondam est de 2,6 %, l’objectif est d’être au-dessus », glisse François Braun, refusant d’en dire plus aux sénateurs.
Sur la ville, François Braun est « plutôt optimiste de trouver un chemin de passage » entre les syndicats et le gouvernement lors des prochaines négociations conventionnelles. Il reconnaît que s'il n'y a pas eu de signature, c’est en raison « de responsabilités partagées ». Peut-être que « les discussions à l’Assemblée ont pu perturber les syndicats », argumente-t-il. En tout cas, les négociations seront reprises « quand elles seront sûres d’aboutir », confirme-t-il.
Pas touche à l’AME
Sur l’aide médicale d’État (AME), menacée dans le cadre des discussions sur le prochain projet de loi immigration, François Braun réaffirme sa position : « Il n’y a pas de dérive de l’AME. Elle doit rester comme elle l’est dans sa forme actuelle. Son coût est important en volume, mais faible en pourcentage au budget de la santé, puisque lié au nombre de bénéficiaires. De plus, elle est nécessaire en termes de santé publique et elle est une question d’humanisme. Notre système de santé l’est et il doit le rester. » Sujet qui revient également dans les débats, dans le cadre du projet de loi immigration, le sort des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhues). Le ministre a rappelé que la PPL Valletoux permettra à ce que « ça aille plus vite » et au passage, a donné un chiffre : 2 500 praticiens étrangers vont passer l’examen cette année pour exercer en France.
En conclusion des échanges qui ont duré plus de deux heures, Catherine Deroche (Les Républicains), présidente de la commission des Affaires sociales, remercie chaudement le ministre, citant sa « précieuse » connaissance du terrain. Elle ajoute, qu’il faut que François Braun « puisse secouer le cocotier ». À bon entendeur…
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