C’est une proposition choc que formule le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, dans un communiqué de presse publié le 13 août : offrir 3 000 euros aux maires qui, par déclaration officielle, concèdent avoir assez de médecins sur leur territoire et n’acceptent pas de nouvelle installation. Une façon de critiquer la mesure de régulation à l’installation proposée par le Nouveau Front populaire et sa candidate à Matignon Lucie Castets. et de rappeler qu’il n’existe pas de zone « trop » dotée en médecins.
« Sous couvert d’une loi de solidarité, se cache en réalité une loi populiste de gestion de la pénurie qui se transformera en guerre de clochers, où Pierre sera déshabillé pour habiller Paul », écrit le syndicat. « Ces zones n’existent que dans l’imaginaire des responsables politiques, qui puisent dans celui-ci à des fins électoralistes et populistes », explique-t-il.
« Tartuffes » et manque de considération
« Qui, en France, peut prétendre habiter dans une ville où il y a trop de médecins ? Quel maire accepterait par solidarité de voir ses médecins partir de sa commune ou communauté de communes vers un autre territoire sans être remplacés ? Quel maire déclarera de façon officielle avoir atteint son “quota” de médecins et refuser toutes nouvelles installations ? », interroge l’UFML-S dans son communiqué.
Ce défi lancé aux maires avait été introduit deux ans auparavant, sous la forme d’une blague du « Dr Pepper » sur X (ex-Twitter), avant d’être repris par le syndicat… sans succès, raconte le Dr Jérôme Marty au Quotidien. « Aucun maire ne nous a répondu ! La grande majorité éprouvent des difficultés d’accès aux soins. Les seuls qui sont, peut-être, dans une zone “stabilisée” le sont de manière très provisoire, notamment en raison de la moyenne d’âge élevé des praticiens. »
L’occasion pour le généraliste de Fronton (Haute-Garonne) de décocher une droite, à la manière de la boxeuse algérienne Imane Khelif : « Tous ceux qui sont pour la coercition ont des problèmes d’accès aux soins dans leur région. En plus de se tromper, ces tartuffes montrent toute la considération qu’ils ont pour les édiles en ne leur demandant pas leur avis… »
Les maires, une cible facile ?
Contacté, le vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), chargé des questions de santé, Gilles Noël, réagit à cette proposition de l’UFML-S. « C’est bien sûr de la provocation de la part du Dr Marty ! Peut-être que quelques maires ont assez de médecins, mais aucun n’en a trop ! D’autant plus que nous raisonnons en termes de pôles de vie : le praticien a une patientèle qui s’étend aux communes environnantes. » Estimant être « une cible facile », l’édile de Varzy (Nièvre) rappelle également que la santé est une compétence de l’État, lequel a, selon lui, « failli dans sa mission d’accès aux soins ».
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