« L’inflation a atteint en février + 3,6 % sur 12 mois glissants et la flambée des prix des carburants pénalise les praticiens dans leur activité quotidienne », notamment lors des visites, indique le Syndicat des médecins libéraux (SML) dans un communiqué daté du 23 mars.
Contacté, le Dr Philippe Vermesch, président du syndicat, développe. « Le prix du carburant a augmenté de plus de 70 %. Mais nous, médecins, nous ne sommes pas commerçants ! Nous ne pouvons pas augmenter notre prix de vente. Nous avons des actes toujours au même tarif qu’il y a 20 ans ! » Le praticien indique qu’un risque pèse sur les visites : « des médecins me disent qu’ils n’en feront plus. »
Le prix des consommables médicaux aussi en hausse
L'autre préoccupation, c'est l'augmentation des prix des consommables médicaux. Les médecins libéraux l’observent « depuis quelques semaines », assure le SML. Le stomatologue explique : « Je fais de la chirurgie. J’ai besoin de fils. La boîte coûtait 160 euros, maintenant elle est à 260 ! Elle a pris 100 euros ! C’est exponentiel… »
Le constat du syndicat est sans appel. « L’inflation, couplée à une valeur de l’acte médical qui n’a pas évolué depuis plus de 10 ans, rend de plus en plus difficiles les conditions d’exercice en libéral ». Alors, « inquiet de l’impact à court terme de ces diverses hausses sur les revenus des praticiens », le SML « appelle à la mise en place de mesures immédiates pour épauler les médecins libéraux » en attendant la prochaine convention.
Une visite déjà menacée par son tarif
Du côté de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S), le constat est plus fataliste. Son président, le Dr Jérôme Marty n’attend rien de l’État. « Une aide ? On n’aura rien. Je ne pense pas que le gouvernement s’émeuve des problèmes de transport des médecins. »
Même s’il déclare volontiers qu’il faudrait « une compensation », le généraliste explique que la visite est déjà menacée. « Les gens n’en font quasiment plus. Seulement 35 euros : c’est sous-rémunéré. Nous la souhaitons à 100 euros ou de pouvoir prescrire le transport vers le cabinet aux patients… Dans ce contexte, la visite est rendue encore plus indigente, puisqu’on perdrait encore plus d’argent à en faire ».
Le déconventionnement comme solution ?
Mais pour le praticien, « tout est en hausse », pas seulement les produits médicaux. Pourtant, poursuit-il, « nous faisons partie des professions qui souffrent le plus car nous n’avons pas la main sur nos tarifs… Nous sommes forcément perdants ».
Alors, confie le Dr Marty, son syndicat envisage d’organiser « des assises du déconventionnement » dans les mois à venir. Un sujet qui séduit de plus en plus de médecins, assure-t-il. D'autant plus au lendemain des déclarations d’Emmanuel Macron sur France Bleu. Le président de la République avait exprimé son attachement à la fin du paiement à l’acte et la délégation de tâches ; ce qui a, bien sûr, « mis le feu aux poudres », ironise le praticien.
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