Un grand moment. Avant même que le cortège parisien ne se mette en marche, dimanche 15 mars, les organisateurs étaient unanimes quant à la réussite de la manifestation. « La mobilisation est historique, se félicitait Jean-Paul Ortiz, arborant un tee-shirt CSMF. Le mouvement est unitaire, il rassemble toutes les organisations, de généralistes et de spécialistes, de médecins en formation et en exercice ».
Externes, internes, médecins de tous âges...
À midi, place Denfert-Rochereau, point de départ de la manifestation, l’heure est aux derniers préparatifs. Gonflage de ballons, répétition des slogans, déroulé des banderoles, les activités ne manquent pas alors que les manifestants affluent doucement. Se croisent, pêle-mêle, des grappes d’externes en blouse blanche, des internes venus accompagnés de leur fanfare, des praticiens de tous âges entre amis ou en famille. « La coupe est pleine, s’emporte le Dr Hélène Bahurel, les politiciens font passer leurs idéaux avant leur intelligence ». Venue avec ses deux enfants, chacun d’eux arborant un drapeau « J’aime ma clinique, mon médecin », la praticienne parisienne ne se sent « pas du tout soutenue par cette ministre, on a même l’impression qu’elle nous enfonce ».
Parmi la délégation venue de Mayenne, trois généralistes de l’Unof discutent de leurs craintes liées au tiers payant. « Ce dispositif ne règle pas la situation de ceux qui n’ont pas de complémentaire santé, souligne le Dr Olivier Lhuissier, ils continueront à payer 35 % de la consultation ». Selon lui, le tiers payant entraînera une inflation du nombre de consultations qui ne sera pas tout à fait étrangère aux généralistes… « Quand on voit quatre personnes, on raisonne au temps passé, alors parfois on ne facture que deux consultations, affirme-t-il, mais avec le tiers payant, on les facturera normalement ».
En route vers le ministère de la Santé...
Rassemblée derrière une banderole « tous unis pour la santé de demain, non au projet de loi », la douzaine de membres du comité d’organisation ouvre la voie vers le ministère de la Santé à 14 heures. En ordre de marche derrière, étudiants en médecine et professionnels en exercice venus de tous les coins de France. « La santé à réformer, pas à sacrifier », peut-on entendre. Pour des praticiens des Yvelines, déguisés en bagnards, « la future loi de santé, pour nous les médecins, c’est le bagne, pour Marisol tout baigne ».
Alors que la tête du cortège aborde la dernière ligne droite vers 15 h 30, les ultimes manifestants s’ébranlent de Denfert-Rochereau.
Devant les Invalides, les troupes se retrouvent pour un dernier discours, « Liberté, égalité, santé ! », avant que l’ordre de dispersion ne soit donné. Les membres du comité d’organisation prennent, eux, la direction du ministère où Marisol Touraine va les recevoir. Dubitatif, quelques jours auparavant, sur l’intérêt d’une telle rencontre, Éric Henry, président du SML et suractif animateur du «?Mouvement pour la Santé de tous », était également de la délégation. Après avoir réussi à jouer des coudes pour imposer son mouvement dans la deuxième partie du cortège, il entendait réclamer le retrait du texte. Un activisme imprévisible qui commence à agacer ses collègues partisans d’une réécriture...
« Continuer la bataille au niveau parlementaire »
Une heure et demie d’échanges n’aura d’ailleurs pas permis de satisfaire les syndicats. « Nous allons continuer la bataille au niveau parlementaire », affirmait dimanche soir Jean-Paul Ortiz. Seul Claude Leicher, entrevoyait un peu de grains à moudre : « la ministre a parlé d’un système commun RO (régime obligatoire) et RC (régimes complémentaires) ».
Mardi, Marisol Touraine passait son grand oral devant la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée, inaugurant trois jours de décorticage de son texte. Difficile de savoir en quels termes il aura été question du tiers payant, le groupe de travail ad hoc chargé du dossier devait se réunir, hier jeudi, une dernière fois...
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