On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Dénonçant les « tergiversations » de l’État dans la gestion de la crise sanitaire actuelle, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a annoncé ce mardi le lancement d’un service d’aide aux médecins visant à les aiguiller dans leur pratique quotidienne. « Avec les instructions très changeantes des pouvoirs publics, nos confrères ont du mal à savoir ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, a souligné le Dr Jean-Paul Ortiz, président du syndicat lors d’une conférence de presse. Les réponses varient en fonction des semaines, de si nous sommes en état d’urgence sanitaire ou pas, voire même des régions parfois. » « C’est le flou, tout le monde est perdu », insiste le néphrologue.
Chaque jour, une fiche synthétique rédigée par les experts du syndicat répondant aux questions que peuvent se poser les médecins à leur cabinet sera publiée sur les réseaux sociaux du compte « sos.covid.csmf ». Ce portail est la continuité de la page « Médecins Libéraux Coronavirus », lancée par le syndicat en mars dernier. « Comment facturer une téléconsultation pendant l’état d’urgence sanitaire ? », « quelles sont les dérogations mises en place pour la téléexpertise ? », « les cotisations Urssaf sont-elles reportées ? », sont des exemples de questions auxquelles répondront ces fiches.
Les médecins pourront également envoyer leur question à l’adresse mail sos.covid@csmf.org. Là aussi, les experts de la CSMF y répondront et certaines d’entre elles pourront donner lieu à la publication d’une nouvelle fiche sur la plateforme. « Nous allons répondre aux nombreuses questions des médecins, c’est bien le rôle d’un syndicat, surtout dans la situation actuelle », a indiqué le Dr Ortiz. Et surtout à quelques mois des élections professionnelles.
Son syndicat s’est rendu compte de la nécessité de (re)lancer ce service après avoir appelé les médecins libéraux à en finir avec les actes gratuits — mot d’ordre qui est d’ailleurs « toujours d’actualité », a précisé le patron de la CSMF. « C’est à cette occasion qu’on s’est rendu compte que nos confrères ne savaient souvent pas comment coter, ce qui était dérogatoire, utilisable ou pas, dans quel cas, jusqu’à quelle date etc. », a confié Jean-Paul Ortiz.
« Ne pas souligner la forte implication des praticiens libéraux est injuste »
Outre le lancement de sos.covid.csmf, le président de la CSMF a profité de cette conférence pour saluer une fois de plus l’engagement des médecins libéraux dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Lequel n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur par les autorités ainsi que les médias, selon lui. « Les chiffres que l’on donne sont essentiellement centrés sur la médecine hospitalière. Or, chaque test RT-PCR positif correspond à une implication de la médecine de ville, a-t-il fait remarquer. Cela signifie que les médecins de ville ont vu des dizaines et des dizaines de milliers de patients suspects Covid dans leurs cabinets. » « Ne pas souligner la forte implication des praticiens libéraux est injuste », a-t-il également ajouté. Et ce d’autant que la vie de ces derniers n’est pas facilitée par le gouvernement, selon lui. Le néphrologue regrette ainsi l’absence d’arrêté définissant la doctrine d’utilisation des tests antigéniques au cabinet. « On nous a promis lors d’une réunion le 3 novembre que celui-ci paraîtrait le lendemain ou le surlendemain. Nous l’attendons toujours », regrette-t-il.
Un milliard d'euros réclamés pour la médecine de ville
Rappelant les faibles montants alloués à la revalorisation des soignants de ville par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, discuté depuis lundi au Sénat, Jean-Paul Ortiz a enfin fixé ses conditions pour revenir dans la négociation de l’avenant 9 à la convention médicale. Celui-ci doit notamment améliorer la prise en charge des soins non programmés, développer la télémédecine et relancer la visite à domicile des médecins généralistes. Assurant être en « contacts informels » avec la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) après le départ de la CSMF de la table des négos, le leader de la Conf’ réclame une enveloppe d’un milliard d’euros pour la médecine de ville dans l’avenant, l’ouverture des négociations pour la future convention dès la fin des élections URPS des 31 mars et 7 avril ainsi que la suppression des six mois de stabilisateurs économiques, qui précèdent traditionnellement l’entrée en vigueur d’une nouvelle convention. « J’ai fait le calcul : nous pourrions très bien ouvrir la négo conventionnelle à partir de juin 2021. Cela n’entraînerait qu’un décalage très modéré avec la convention actuelle qui devait initialement finir en octobre, estime-t-il. C’est jouable, si le gouvernement le veut et le décide. »
Selon lui, le maintien du plan actuel, qui renvoie la mise en place de la prochaine convention à octobre 2023, reviendrait à bloquer les tarifs médicaux au moins jusqu’à cette date. Date à laquelle le président de la CSMF estime que la France devrait être « dans une crise économique majeure » et qui repousserait à encore plus loin d'éventuelles revalorisations. « Il est urgent de revoir ces choix politiques », clame donc le Dr Ortiz.
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