Création d'une « consultation infirmière » et d'un « diagnostic infirmier », droit de prescription pour certains examens ou médicaments : la proposition de loi, passée relativement inaperçue par le grand public, est déjà qualifiée « d'historique » voire de « révolutionnaire » par les infirmiers. Le texte, porté par les députés Nicole Dubré-Chirat (Renaissance) et Frédéric Valletoux (Horizons), va pouvoir être promulgué : le Sénat l'a approuvé lors d'un ultime vote unanime. Les parlementaires des deux chambres, députés et sénateurs, avaient au préalable trouvé un accord sur la rédaction de cette loi soutenue par le gouvernement.
L’Ordre des infirmiers a immédiatement salué la reconnaissance de la consultation et du diagnostic infirmier, « affirmant la capacité des infirmiers à conduire un raisonnement clinique autonome » ; l’accès direct à certains soins infirmiers, relevant du rôle propre et, à titre expérimental, sur le rôle prescrit ; l’élargissement du droit de prescription ; l’intégration de l’orientation des patients dans les missions infirmières ; une nouvelle définition du métier, indépendante du lieu ou du mode d’exercice ; et la reconnaissance explicite de la science infirmière et de la pratique avancée, notamment pour les spécialités Iade (anesthésistes), Ibode (de bloc opératoire) et IPDE (puéricultrices).
Le ministre de la Santé Yannick Neuder a mis en avant devant les sénateurs « une petite révolution » dans notre manière d'envisager le métier des quelque 640 000 infirmiers et infirmières du pays, dont les actes au quotidien ont déjà beaucoup évolué ces dernières années, se diversifiant face à la désertification médicale et au vieillissement de la population. « Ce texte est historique. Il va transformer la manière dont nous considérons la profession infirmière », a aussi insisté Mme Dubré-Chirat, lors du vote unanime de ce texte de compromis à l'Assemblée.
Perspectives de carrière
« Ce texte compte parce qu'il soulage les médecins dans un contexte de fortes tensions et il compte surtout parce qu'il offre des perspectives de carrière attractives » aux infirmiers, a prolongé le sénateur macroniste Xavier Iacovelli.
La proposition de loi redéfinit les missions des infirmiers, encadrées depuis 2004 par un décret jugé obsolète. Elle consacre donc dans la loi les notions de consultation infirmière et de diagnostic infirmier, et confie aux infirmiers un pouvoir de prescription de certains médicaments ou examens listés par arrêté, une disposition qui a suscité les critiques des syndicats de médecins craignant d'être dépossédés de certaines prérogatives. « Il n'a jamais été question d'opposer les professions entre elles, mais bien de faire progresser tout le monde dans leur champ propre de compétences », s’est employé à rassurer Yannick Neuder. En outre, le texte reconnaît désormais le statut d’infirmier coordinateur en Ehpad et les infirmiers scolaires comme une spécialité infirmière.
La loi établit par ailleurs que ces nouvelles missions doivent être accompagnées de négociations sur la rémunération des infirmières libérales. Le gouvernement a envoyé à l’Assurance-maladie une lettre de cadrage en ce sens, ouvrant la voie à une négociation attendue de longue date.
Malgré l'unanimité politique sur ce texte attendu par le secteur, cet enjeu financier interpelle à gauche, où l'on craint une réforme mise en place sans accompagnement, qui pourrait aboutir à faire « travailler plus sans gagner plus ».
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