Présentant ces vœux à la presse ce mardi, « dans une période inédite où la détresse de nombreux Français a éclaté avec fracas », la ministre de la Santé Agnès Buzyn a écarté les mesures coercitives à l'installation des médecins libéraux, qui reviennent sur le devant de la scène à la faveur du grand débat national, ou d'initiatives parlementaires.
À la veille de l'examen en commission des Affaires sociales de la proposition de loi sur la désertification médicale, à l'initiative du député socialiste Guillaume Garot, qui réclame un conventionnement territorial sélectif (sur le principe d'un départ pour une arrivée), la ministre de la Santé a clairement pris ses distances avec ce type de « mesures simplistes, fausses bonnes idées », jugées à la fois injustes pour les médecins concernés et inopérantes.
Ne pas pénaliser les jeunes
« Inscrire la coercition dans une proposition de loi n'est pas la bonne réponse, a sèchement recadré Agnès Buzyn. Non seulement on pénalise les jeunes par rapport à des médecins déjà installés – c'est discriminant – mais, en plus, la coercition a été un échec dans tous les pays où elle a été instaurée, comme en Allemagne ou au Canada ! On a vidé les villes pour pousser les médecins en grande banlieue mais pas dans la ruralité… ». Et de souligner aussi que des mesures punitives sur l'installation risqueraient d'envoyer les jeunes femmes médecins vers « le salariat, la médecine scolaire, voire l'industrie ».
Pour autant, la ministre est bien consciente que la question de l'accès géographique aux soins va ressurgir à la faveur du grand débat national. « Les Français considèrent aujourd'hui que la santé est un service qui leur est dû alors que les professionnels de santé ne vivent pas forcément leur exercice libéral comme un service public, analyse Agnès Buzyn. Il faut donc trouver la ligne de crête sur ce sujet sans crisper les professionnels qui doivent avoir un espace de liberté [...]. Ma stratégie, c'est la transformation du système de santé. »
Et de mettre en avant le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), qui devront précisément garantir des missions prioritaires sur l'accès aux soins (dont l'accès au médecin traitant ou la prise en charge des soins non programmés), tout en offrant aux libéraux un cadre d'exercice « plus agréable ».
Mieux, la ministre s'engage à « intégrer les conclusions » du grand débat « qu'elles renvoient aux nouvelles attentes et aux besoins de résultats en matière d'accès aux soins [...] ou de réaffirmation de notre ambition dans l'édification de l'État-providence ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes