C’est un « succès majeur », selon Pierre Moscovici. Le premier président de la Cour des comptes a souhaité saluer la réussite de la politique vaccinale anti-Covid française mercredi 14 décembre, à l’occasion de la publication d’un rapport à ce sujet. En effet, raconte-t-il, « les pouvoirs publics ont su adapter en continu la stratégie vaccinale », dans un contexte de « contraintes exceptionnelles ». Mais ce n’est pas le cas des politiques de rappels.
Dans son rapport, la Cour des comptes indique que début septembre 2022, « environ 79 % de la population française avait reçu le schéma vaccinal initial », soit deux doses, dépassant ainsi « celui de plusieurs grands pays (comme l’Allemagne), dont certains ont engagé la vaccination plus tôt que la France (États-Unis et Royaume-Uni), tout en étant moins favorable que celui des pays d’Europe du Sud (Portugal, Espagne et Italie) ».
En rapportant les chiffres à la seule population des adultes et adolescents de 12 ans et plus) : 90,6 % des Français ont reçu deux doses de vaccin. « L’objectif d’une couverture vaccinale quasi intégrale de la population, hors enfants, sur le schéma initial, n’est donc pas loin d’être atteint », explique la Cour.
« Début septembre 2022, au moins 90 % des personnes éligibles au 1er rappel l’ont effectué ; ce taux tient compte d’une estimation des personnes infectées qui n’avaient pas à effectuer de rappel », précise la Cour, avant d’ajouter : « Les non-vaccinations sont donc moindres que ce que les taux de schéma vaccinal initial et de premier rappel en population générale (proches respectivement de 79 %, et 60 %) les plus médiatisés, peuvent donner à penser. »
7,6 milliards d'euros pour la vaccination anti-Covid
Le coût supporté par l’Assurance maladie au titre de la vaccination s’inscrit à un niveau élevé : 7,6 milliards d’euros entre 2020 et 2022, dont 4,7 milliards constatés pour 2020 et 2021. Ce montant doit être relativisé, selon la Cour des comptes. En outre, il représente « environ 15 % de l’ensemble des dépenses d’Assurance maladie directement imputables à la crise sanitaire ». Puis, la montée en charge de la vaccination a permis aux pouvoirs publics de « moins recourir à des mesures restreignant l’activité économique, coûteuses pour les finances publiques » (confinement, soutiens aux entreprises, etc.). Enfin la vaccination a « des effets favorables sur l’état de santé de la population », estime la Cour des comptes, puisqu’elle a permis « de réduire le nombre d’hospitalisations et, selon l’OMS, d’éviter 38 700 décès de personnes de 60 ans et plus en France (entre décembre 2020 et novembre 2021) ».
Toutefois des faiblesses dans la politique vaccinale apparaissent dans le rapport de la Cour des comptes. Par exemple, « les taux de vaccination sont hétérogènes en fonction des territoires et des conditions sociales », précise-t-elle, pointant notamment la faible vaccination dans les régions d’Outre-mer (Drom) avec « respectivement 39,6 %, 45,2 % et 46,3 % pour la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique (la Réunion et Mayotte affichant, en revanche, des résultats bien moins éloignés de la moyenne nationale, avec 77,9 % et 71,8 %) ».
Échec de la cible privilégiée
La cible privilégiée de la campagne vaccinale – la population de 80 ans et plus – est moins bien vaccinée que les autres majeurs (88 % pour le schéma initial contre 89,5 %) et « l’écart se creuse au fur et à mesure que l’âge s’élève ». Ainsi, « il semble traduire des phénomènes d’isolement, une mobilité réduite ou la difficulté à prendre un rendez-vous par internet, qui justifieraient une intervention accrue des infirmiers libéraux aux domiciles des patients ».
Aussi, « les derniers élargissements de la vaccination n’ont pas trouvé leurs publics », ajoute la Cour. En effet, le taux de vaccination des enfants de 5 à 11 ans reste très faible (moins de 5 % au total), ce qui contribue « à expliquer l’écart de vaccination en population générale par rapport aux pays d’Europe du Sud ». Au 2 novembre, précise la Cour, « la modestie des chiffres de deuxième rappel concernant les personnes de 60 ans et plus (33,6 % au total) apparaît inquiétante dans un contexte automnal favorable à une reprise épidémique ».
Clarifier qui sont les vaccinateurs
En termes d’organisation de la politique vaccinale, la Cour des comptes recommande de « clarifier les procédures à même de permettre à la Haute Autorité de santé d’exercer l’ensemble de ses missions relatives à la vaccination dans des contextes de grande urgence. » Aussi, la Cour préconise d’identifier a priori les vaccinateurs – dont les infirmiers libéraux, habitués à se rendre chez les personnes âgées – pour une montée en charge plus rapide et la poursuite de la politique d’« aller vers ». Enfin, l’envoi par l’Assurance maladie des listes des patients concernés par les actions de prévention des principales pathologies aux médecins traitants a constitué « un progrès qu’il convient de pérenniser », juge-t-elle.
Sur l’achat de vaccins, la Cour des comptes écrit que la mutualisation des achats par l’Union européenne « a été un atout déterminant de la campagne de vaccination contre le Covid-19 menée en France ». Ainsi, « la prévention d’autres épidémies de grande ampleur appellerait de même des réponses au niveau européen ».
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