La ministre de la Santé Agnès Buzyn devait être reçue ce jeudi dans la Nièvre par des élus en colère après l'annonce de la fermeture d'un service d'urgences de nuit et d'une maternité du département. « L'accueil sera un petit peu frais », prévenait mercredi le président de l’Ordre des médecins nivernais, le Dr Thierry Lemoine.
Et pour cause, le département est l'un des plus touchés par la désertification médicale. La Nièvre a perdu 27 % de ses généralistes entre 2010 et 2017, selon le dernier atlas de la démographie médicale de l'Ordre des médecins. Toujours selon l'atlas, avec 104 généralistes pour 100 000 habitants, la densité d'omnipraticiens du département est nettement inférieure à la moyenne nationale (128 MG pour 100 000 habitants). Et selon le Dr Bouillot, président de la Communauté territoriale de santé (CTS) de la Nièvre, le département devrait perdre encore un quart de ses omnipraticiens d'ici à 2023.
La part de primo inscrits à l'Ordre titulaires d'un diplôme français (seulement 21,4 %) en 2016 témoigne également des difficultés de la Nièvre.
En 2017, pour son premier meeting dans la Nièvre, axé sur la santé, Emmanuel Macron avait proposé l'instauration du service sanitaire pour les étudiants en médecine. Et pour le Dr Lemoine, ce n'est pas un hasard. « Le président connaît très bien notre situation », assure-t-il. Cette visite ministérielle sera donc l'occasion pour le praticien de « demander à la ministre de ne pas oublier les petits départements ». « À Nevers, des milliers de patients sont sans médecin traitant. C’est une catastrophe absolue ! », alarme-t-il.
Aller vite
Entre la visite d’une pharmacie et celle d’un Ehpad, la ministre de la Santé assistera en milieu de journée à la séance plénière des États généraux de la santé de la Nièvre organisés ce jeudi par la CTS pour pallier cette désertification médicale.
Les acteurs de santé locaux présenteront à la ministre plusieurs propositions pour répondre à la situation difficile du département. « L'objectif de ces états généraux est de regrouper toutes les forces du département et de le rendre plus attractif », explique le Dr Bouillot.
Les propositions seront discutées par les acteurs de santé nivernais jeudi matin lors de trois ateliers. L'universitarisation de l'hôpital de Nevers est souhaitée afin que les internes de médecine générale puissent effectuer l'intégralité de leur cursus dans le département, la prise en charge du transport des patients chez leur médecin traitant sera également évoquée ainsi que la mise en place d'une plateforme pour présenter le département et accompagner administrativement les jeunes médecins.
Des moyens financiers mais pas que
« Le nerf de la guerre, ce sont les moyens. On espère qu’Agnès Buzyn va nous en apporter », confie le Dr Lemoine, président de l'Ordre nivernais. « Nous savons que la ministre a un peu de souplesse financière pour les initiatives nouvelles. »
En attendant un regain éventuel d'attractivité de la Nièvre, le Dr Bouillot met donc l'accent sur la nécessité d'expérimenter et d'innover pour gagner du temps médical. Et vite. « Il faut que l'on puisse rapidement recruter des infirmières en pratique avancée », plaide le Dr Bouillot qui souhaite également la création de postes d'assistants administratifs. « Puisque la stratégie nationale de santé met en avant la confiance en les acteurs de terrain pour trouver des idées, je vais demander à Agnès Buzyn de faire de la Nièvre un territoire d'expérimentation et d'innovation », confie-t-il.
« Nous n'avons pas seulement besoin de moyens financiers. Nous voulons surtout des mesures dérogatoires en termes d'organisation », expose le Dr Bouillot.
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