Le burn out est aujourd’hui un concept qui est utilisé au quotidien. Loin d’être une simple fatigue ou l’expression d’un ras-le-bol professionnel, il doit faire l’objet d’un strict repérage par les médecins traitants ou du travail. La HAS vient de publier des recommandations afin d’aider à sa prise en charge. Sa grande fréquence oblige à une identification précoce des symptômes. La souffrance au travail est en effet le deuxième groupe d’affections d’origine professionnelle chez les salariés. Plusieurs études réalisées en France témoignent d’une sensible progression. Si l’on se réfère à celle menée par le réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles, les pathologies en relation avec le travail frappent les hommes et les femmes. Elles sont en forte augmentation dans les secteurs de l’immobilier, de l’administration publique, puis dans les secteurs de la santé et du commerce.
Si l’on se réfère plus précisément au burn out, selon une étude menée en 2012, 30 000 personnes seraient concernées. Un chiffrage plus précis se heurte en pratique à la définition du syndrome. Il se traduit par un « épuisement physique émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». En référence au travail pionnier de Christina Maslach, il est décrit à travers trois dimensions, à savoir l’épuisement émotionnel, le cynisme vis-à-vis du travail et la diminution de l’accomplissement personnel au travail. Le tableau clinique associe des manifestations émotionnelles de type peurs mal définies, humeur triste, irritabilité, absence d’émotion. Les manifestations physiques sont reconnues à travers les troubles du sommeil, les tensions musculaires, la prise ou perte soudaine de poids, les céphalées, nausées et vertiges. Quant aux manifestations cognitives, on remarque les diminutions de la concentration, les erreurs minimes, fautes ou oublis. Sur le plan biologique, il n’y a pas de marqueur fiable. Le bilan doit comprendre la recherche d’une pathologie organique associée qui peut se traduire par des symptômes déjà cités.
Face au burn out, certaines professions sont plus exposées que d’autres. On peut citer par exemple le secteur de la santé (voir encadré). Au-delà de l’univers professionnel, six catégories de facteurs de risques psychosociaux ont été identifiées.
- l’intensité et l’organisation du travail ;
- les exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort ;
- l’autonomie et la marge de manœuvre ;
- les relations dans le travail (conflits, manque de soutien du collectif de travail, management délétère) ;
- les conflits de valeurs ;
- l’insécurité de l’emploi.
En parallèle à l’identification de ces facteurs de risque, des outils de repérage sont également utilisés au quotidien. Un questionnaire, le Maslach Burn out Inventory, s’est imposé comme la référence dans ce domaine.
Il permet en pratique de distinguer le burn out d’autres syndromes. L’opération est d’autant plus essentielle que le burn out n’est pas une nouvelle catégorie d’une maladie psychiatrique. Selon Christina Maslach, il s’apparente plutôt à une spirale dangereuse qui peut « conduire au basculement dans la maladie -dépression et maladie somatique- et à la désinsertion sur le plan professionnel, social et familial ».
D’où l’importance à le distinguer de la dépression, du stress au travail, de l’addiction au travail ou workaholisme et enfin de la fatigue chronique. Pour autant, selon certains auteurs, le burn out peut être une étape avant une dépression caractérisée. Dans d’autres cas, une évolution des troubles dépressifs vers le burn out est possible. Cette bascule témoigne de la difficulté à établir le diagnostic en l’absence d’une procédure standardisée fiable. De nombreux points de chevauchement ont été décrits entre dépression et burn out comme la présence d’émotions négatives, mais également l’absence d’émotions positives. On peut toutefois rappeler que la dépression s’étend à tous les aspects de la vie. Et n’est pas limitée à la sphère professionnelle. Quant au traitement anti-dépresseur, il est prescrit uniquement dans le cadre de ses indications.
La prise en charge ne se réduit d’ailleurs pas à la prescription pharmacologique. La prescription d’un arrêt de travail est incontournable. Sa durée dépend de l’évolution des symptômes et du contexte socioprofessionnel. Une intervention psychothérapeutique ou psychocorporelle constitue un autre volet du traitement. Dans tous les cas, le médecin traitant, avec l’accord du patient, est appelé à contacter le médecin du travail. L’autre option est d’envoyer le patient à une consultation de pathologie professionnelle. Selon les résultats de deux méta-analyses récentes, les interventions centrées sur la personne se révèlent plus efficaces que celles ciblées sur l’organisation professionnelle.
L’accompagnement pour un retour au travail est la dernière étape de la prise en charge. La période d’arrêt nécessaire dépend de chaque patient. En tout état de cause, le retour au travail doit être préparé. Avec notamment la programmation d’une visite de pré-reprise avec le médecin du travail. Elle permet la mise en œuvre d’aménagements ou d’adaptations du poste de travail. Un reclassement ou une réorientation professionnelle seront éventuellement envisagés. Le médecin du travail est appelé à jouer, tout au long de ce processus, un rôle essentiel.
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017-05/di…
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