Une douche froide. Dans son rapport dit « charges et produits », qui vise à réaliser 2,1 milliards d’euros d’économies sur les dépenses maladie en 2020, la CNAM a programmé pas moins de 180 millions d'euros sur la biologie médicale (contre 95 millions cette année), un effort inédit qui passe très mal dans cette spécialité déjà souvent mise à contribution. Pour y parvenir, le directeur de l'assurance-maladie, Nicolas Revel, mise sur la renégociation du protocole pluriannuel de régulation avec les biologistes (d'ici à la fin de l'année).
Selon le rapport charges et produits, la caisse envisage de scinder la gestion de la biologie en deux enveloppes – pour les actes courants et pour les actes novateurs (enjeu majeur car il s'agit d'intégrer les actes hors nomenclature RIHN). La CNAM fait valoir aussi que, depuis l'automne 2018, « on constate une forte reprise des prescriptions de dosage alors que celles-ci avaient été contenues grâce aux actions de maîtrise médicalisée ». Les économies seraient obtenues au titre de nouvelles actions de maîtrise médicalisée (20 millions) mais aussi de décotes tarifaires.
Payer la crise des gilets jaunes ?
Sans attendre l'issue des négociations du nouveau protocole, la CSMF prévient qu'elle s'opposera « aux révisions à la baisse des nomenclatures d’actes en médecine de ville, notamment en imagerie et biologie ». Pour la centrale polycatégorielle, « les médecins libéraux sont encore une fois clairement dans le viseur de la CNAM (...) ».
De son côté, le Syndicat des biologistes (SDB) s'offusque du cadrage comptable de la caisse alors même que des négociations sont ouvertes en vue de l'élaboration d'un nouveau protocole d'accord entre la profession et l'assurance-maladie pour trois ans. Le SDB « ne comprend pas l'acharnement du gouvernement et de l'administration à détruire une profession qui propose en vain depuis des années de s'investir dans l'amélioration des parcours de santé des patients et qui a les moyens d'être déterminante dans le virage préventif de notre système de santé », tonne François Blanchecotte, président du SDB. Il alerte la population sur le risque d’aggravation des déserts médicaux en raison de la fragilisation de l'offre de biologie médicale.
Pour les jeunes biologistes, la coupe est pleine. « Trop c'est trop », résument-ils. Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) ne voit « aucune raison pour que les biologistes médicaux, ayant déjà été sacrifiés ces dernières années, soient condamnés par le gouvernement pour payer les dégâts de la crise des gilets jaunes ».
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