Parmi les pistes étudiées par le gouvernement pour réaliser des économies dans le cadre du budget 2024 de la Sécurité sociale, figure celle d'un doublement de la franchise sur les médicaments (le reste à charge passerait de 50 centimes à 1 euro) et de la participation forfaitaire chez le médecin (qui passerait d'1 à 2 euro).
Interrogé ce lundi matin sur BFM TV/RMC Radio, le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, a confirmé cette information, initialement révélée par le quotidien Les Échos au début du mois d'août.
« Responsabilisation de tous les acteurs »
« Oui, c'est un des scénarios qui est sur la table », a-t-il confirmé sur le plateau de BFM TV/RMC Radio.
Le ministre a d'ailleurs estimé qu'il y « avait un effort de responsabilisation collective à faire ». « Il faut dire les choses extrêmement clairement. (...) Ce n’est pas de la stigmatisation mais si on veut être responsabilisés, et tout le monde veut l’être, il faut dire les choses sur les dépenses de santé », a-t-il jugé.
Anticipant les critiques, Aurélien Rousseau a toutefois voulu se montrer rassurant : « Notre préoccupation majeure, c'est qu'il doit y avoir une responsabilisation de tous les acteurs. Il doit aussi y avoir une protection absolue de tous ceux qui sont malades ou en affection de longue durée (ALD) et qui consomment régulièrement des médicaments ».
Une mesure décriée
Malgré ces minces garanties, la mesure est loin de faire l'unanimité du côté des représentants des usagers de la santé, à l'instar de Gérard Raymond, président de France Assos Santé, qui s'est exprimé dans les colonnes de nos confrères du Parisien.
« Si la mesure va au bout, on serait dans la double, la triple, la quadruple peine. Les Français ne trouvent plus de médecin traitant, ils galèrent à avoir un rendez-vous chez un spécialiste… et maintenant, ils sont financièrement punis ! Avec ce spectre des coûts supplémentaires, on les sanctionne d’être malades », peut-on lire sur le site du quotidien.
Sur France info, le président de la branche généraliste de la CSMF, le Dr Luc Duquesnel, a, à son tour, estimé qu'il s'agissait d'« un coup de canif dans le contrat social, de ce qu'est notre Sécurité sociale ».
D'ailleurs, pour le médecin généraliste, cette mesure pourrait produire l'inverse de l'effet escompté en matière de dépenses de santé. « Il y a des gens avec des pathologies chroniques qui ont plusieurs boîtes de médicaments à prendre tous les mois, parce qu'ils sont diabétiques, ou parce qu'ils ont d'autres pathologies qui ne sont pas prises en charge à 100 % par l'Assurance maladie. Ces gens-là prendront moins leur traitement, il y aura moins d'observance et donc finalement, à moyen et long termes, ce sont des gens qui vont aggraver leur pathologie et qui se retrouveront hospitalisés », a-t-il déclaré sur France info.
Bientôt une augmentation des taxes sur l'alcool fort ?
Autre piste actuellement étudiée par le gouvernement pour réaliser des économies en matière de dépenses de santé, l'indexation sur l'inflation des taxes sur l'alcool fort. Une piste actuellement « en discussion », a confirmé le ministre de la Santé sur France info.
« Nous devons échanger cette semaine avec la Première ministre, sans doute aussi avec le président de la République et Bruno Le Maire (ministre de l'Économie et des finances, ndlr). Nous allons effectivement mettre les scénarios sur la table. Et d'ailleurs, il s'agit aussi de discuter avec les parlementaires pour construire un PLFSS juste et équilibré », a ainsi confié Aurélien Rousseau.
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