N’hésitant pas à marquer d’emblée son territoire, quitte à empiéter sur celui du ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, qui est sous sa tutelle, Catherine Vautrin a choisi de faire son premier déplacement aux urgences pédiatriques du CHU de Reims, le soir de Noël, dès le lendemain de sa nomination.

Une semaine plus tard, de retour de Mayotte, le Dr Neuder a passé une tête à la Pitié-Salpêtrière le lendemain du réveillon pour rencontrer les équipes soignantes. Il s’est également positionné sur des sujets qui entrent moins dans le périmètre de sa ministre de tutelle, comme l’expérimentation du cannabis médical. De l’art de prendre ses marques…

Selon Le Monde, les deux ministres auraient eu quelques frictions dès leur premier jour de cohabitation à Ségur, Catherine Vautrin s’octroyant, au grand dam de Yannick Neuder, le vaste bureau d’angle du 7e étage du ministère de la Santé, occupé auparavant par la Dr Geneviève Darrieussecq. Un « non-sujet » pour l’entourage de Catherine Vautrin, cinquième dans l’ordre protocolaire quand le cardiologue n’est qu’à la 21e place du gouvernement. Raison immobilière invoquée : le ministère du Travail, rue de Grenelle, actuellement en réfection, ne peut accueillir Mme Vautrin et ses collaborateurs…

La santé « pas à sa juste place » pour l’ex-ministre Valletoux

Au-delà de ces bisbilles, l’architecture gouvernementale pour le moins baroque (une superministre à la tête d’un immense pôle social très haut dans la hiérarchie avec, beaucoup plus loin, trois ministres sous sa tutelle – Yannick Neuder à la Santé mais aussi Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Charlotte Parmentier Lecocq (Autonomie et Handicap) – a donné du grain à moudre à un éconduit de Ségur.

L'ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, qui a aussi été président de la Fédération hospitalière de France (FHF), jugeait en effet, jeudi, sur TF1, que la structure du gouvernement Bayrou « ne [mettait] pas à sa juste place le sujet majeur de la santé et de l'accès aux soins ». « L'avoir mis [Yannick Neuder incarnant la santé, NDLR] à un niveau si bas dans la hiérarchie ministérielle gouvernementale, c'est assez étonnant. […] On ne considère pas assez les sujets de santé, c'est même presque du mépris », a fustigé le député Horizons, qui a semble-t-il oublié qu’il était lui-même au 24e rang protocolaire dans le gouvernement Attal.