Par où commencer quand les dossiers urgents s’accumulent ? Dix jours après leur nomination dans le gouvernement Bayrou, Catherine Vautrin, qui a retrouvé son superministère social (Travail, Santé, Solidarités et Familles) après trois mois aux Territoires, et le Dr Yannick Neuder (Santé et Accès aux soins) ont commencé à se saisir des dossiers qui leur incombent. L’un d’entre eux pèse plus lourd que les autres : le budget de la Sécu.
Sur ce sujet, en collaboration avec Amélie de Montchalin (Comptes publics), Catherine Vautrin a annoncé ce vendredi 3 janvier son intention de rencontrer l'ensemble des groupes parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat en vue de bâtir au plus vite un nouveau projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), le précédent ayant été censuré.
La France en « service minimum »
Après la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre, « nous avons fini l'année 2024 sans PLFSS et sans projet de loi de finances [budget d’État, NDLR]. Cela veut dire qu'en matière financière, la France fonctionne en service minimum […]. Cela ne peut pas durer, parce que tout simplement, on ne peut pas prendre d'engagements nouveaux, quel que soit le domaine », a déclaré Catherine Vautrin sur RTL.
Sur divers sujets, comme le budget des Armées, de la Justice ou encore le financement des hôpitaux, « nous avons besoin d'un texte qui nous autorise à aller plus loin » que la simple « reconduction » du budget de l'année précédente, a-t-elle insisté. Il faut donc « trouver des voies de compromis » avec les diverses forces politiques en capacité de « voter des textes » et, pour cela, « je vais rencontrer chacun des groupes parlementaires », a annoncé la ministre. « Il y en a onze à l'Assemblée nationale […]. Ensuite, je verrai le Sénat pour déterminer avec eux les points de blocage sur lesquels il y a capacité à discuter », a-t-elle poursuivi.
N’hésitant pas à marquer d’emblée son territoire, quitte à empiéter sur celui du ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, qui est sous sa tutelle, Catherine Vautrin a choisi de faire son premier déplacement aux urgences pédiatriques du CHU de Reims, le soir de Noël, dès le lendemain de sa nomination.
Une semaine plus tard, de retour de Mayotte, le Dr Neuder a passé une tête à la Pitié-Salpêtrière le lendemain du réveillon pour rencontrer les équipes soignantes. Il s’est également positionné sur des sujets qui entrent moins dans le périmètre de sa ministre de tutelle, comme l’expérimentation du cannabis médical. De l’art de prendre ses marques…
Selon Le Monde, les deux ministres auraient eu quelques frictions dès leur premier jour de cohabitation à Ségur, Catherine Vautrin s’octroyant, au grand dam de Yannick Neuder, le vaste bureau d’angle du 7e étage du ministère de la Santé, occupé auparavant par la Dr Geneviève Darrieussecq. Un « non-sujet » pour l’entourage de Catherine Vautrin, cinquième dans l’ordre protocolaire quand le cardiologue n’est qu’à la 21e place du gouvernement. Raison immobilière invoquée : le ministère du Travail, rue de Grenelle, actuellement en réfection, ne peut accueillir Mme Vautrin et ses collaborateurs…
La santé « pas à sa juste place » pour l’ex-ministre Valletoux
Au-delà de ces bisbilles, l’architecture gouvernementale pour le moins baroque (une superministre à la tête d’un immense pôle social très haut dans la hiérarchie avec, beaucoup plus loin, trois ministres sous sa tutelle – Yannick Neuder à la Santé mais aussi Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Charlotte Parmentier Lecocq (Autonomie et Handicap) – a donné du grain à moudre à un éconduit de Ségur.
L'ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, qui a aussi été président de la Fédération hospitalière de France (FHF), jugeait en effet, jeudi, sur TF1, que la structure du gouvernement Bayrou « ne [mettait] pas à sa juste place le sujet majeur de la santé et de l'accès aux soins ». « L'avoir mis [Yannick Neuder incarnant la santé, NDLR] à un niveau si bas dans la hiérarchie ministérielle gouvernementale, c'est assez étonnant. […] On ne considère pas assez les sujets de santé, c'est même presque du mépris », a fustigé le député Horizons, qui a semble-t-il oublié qu’il était lui-même au 24e rang protocolaire dans le gouvernement Attal.
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