« La médecine générale n’est pas un gros chat qui ronronne en attendant que la CNAM lui donne son bol de ROSP, mais le point G de la médecine ! » Ambiance détendue mais tonique, ce jeudi 4 avril au 13e congrès de médecine générale (CMGF), à Paris, où le Dr Paul Frappé, nouveau président quadragénaire du Collège de la médecine générale, a tenu un discours d'ouverture survolté devant Agnès Buzyn et 4 500 médecins participants hilares.
« La MG n’est pas un gros chat qui ronronne mais le point G de la médecine ! » Dr Paul Frappé. Tout est dit ! @LeCollegeMG #CMGF2019 pic.twitter.com/GbahiHbza3
— ReAGJIR (@ReAGJIR) 4 avril 2019
Vivarium à fourmis
Le médecin stéphanois a défendu une vision positive et offensive de la spécialité, dont la « diversité d'exercice » fait la force. Favorable au principe d'une loi de santé réformatrice – en cours d'examen au Parlement – « pour évoluer, mais pas n'importe comment », le Dr Frappé a prévenu la ministre de la Santé de la tentation d'homogénéiser la médecine générale sur le territoire.
« Ce serait la catastrophe si les équipes de soins primaires (ESP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) prévues dans la loi n'étaient finalement que des vivariums à fourmis posés dans les bureaux des parlementaires », a-t-il lancé, par crainte que les médecins généralistes ne soient réduits à un énième acronyme le temps d'une loi.
« L'illusion de la coercition », politique que certains députés soutiennent dans l'Hémicycle, est l'autre source d'inquiétude du médecin, qui n'hésitera pas à endosser l'habit du lanceur d'alerte à la prochaine prise d'initiative parlementaire. Pas avare de second degré, le généraliste en a profité pour évoquer « la zone médicale la plus surdotée de France » : l'Assemblée nationale, avec « deux médecins pour 577 députés ».
Doper le DPC pluripro
Pas évident pour Agnès Buzyn d'enchaîner après la prise de parole du Dr Paul Frappé, ovationné par ses pairs. La ministre de la Santé a tenu un discours sobre mais flatteur pour la médecine générale, « discipline par excellence du réseau de santé de proximité », organisation territoriale que le gouvernement entend structurer grâce aux équipes de soins primaires et aux CPTS – entre autres.
La locataire de Ségur a évoqué aussi la formation professionnelle et sa volonté de développer un « DPC [développement professionnel continu] réellement pluriprofessionnel, organisé au niveau des territoires entre professionnels travaillant ensemble autour d'un projet commun et non pas entre professionnels issus de différentes régions ». A cet effet, le ministère travaille avec l'agence nationale du DPC (ANDPC) au lancement d'un « appel d'offres spécifique, principalement orienté vers les CPTS », a-t-elle insisté. Selon le dernier rapport de l'ANDPC, les libéraux de santé privilégient encore massivement les actions monoprofessionnelles (81 % des inscriptions constatées contre 19 % sur des actions interpro).
Agnès Buzyn a tenu enfin à « couper court à un malentendu » à propos de la mise en place des CPTS. Faisant écho à une crainte syndicale de mise sous tutelle de la médecine libérale, la ministre a assuré que, grâce à un amendement gouvernemental, les CPTS ne seront pas dictées par les agences régionales de santé (ARS), mais bien à l'initiative des « professionnels de santé de ville, qui seront les seuls à pouvoir s'en emparer ».
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