Attentats : un guide précise la conduite à tenir aux généralistes

Publié le 13/07/2018
Agnes Buzyn

Agnes Buzyn
Crédit photo : Twitter/@agnesbuzyn

Publié sous l'égide des ministères de l'Intérieur, des Armées et de la Santé, un manuel sur la prise en charge des victimes d'attentats est disponible pour les professionnels de santé sur le site du ministère de la Santé.

Les généralistes sont « des acteurs essentiels » de cette prise en charge, du fait de leur approche globale et de « leur position d’interface entre la ville et les établissements de soins », indique ce vade-mecum de plus de 200 pages, remis jeudi à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Coordonné par le Pr Pierre Carli, président du conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH) et patron du SAMU de Paris et par le Pr François PONS, médecin général inspecteur, le guide vise à former les professionnels de santé civils à « la prise en charge des blessés par armes de guerre lors d'attentats terroristes », afin « d'assurer les meilleurs soins en urgence aux blessés physiques et psychiques ».

Depuis les attentats de Paris le 13 novembre 2015, les urgentistes ont commencé à être formés aux techniques de médecine militaire pour traiter des blessures à l'arme de guerre. Au premier rang de ces techniques, le "damage control" : assurer sur place le minimum de soins nécessaires à la survie du patient avant sa prise en charge en milieu hospitalier. Le vade-mecum aborde le triage des blessés, les plaies spécifiques causées par des fusils d'assaut, comment réaliser un garrot d’urgence, prendre en charge les brûlures, les traumatismes sonores liés à une explosion mais aussi comment faire face à l'exposition au sang des victimes avec des risques de transmission de virus.

Un rôle clef sur le suivi des victimes

Le guide précise également le rôle des généralistes impliqués malgré eux sur les lieux d’un attentat ou confrontés à la prise en charge des victimes.

Présent de manière inopinée sur le théâtre d'un attentat, l’omnipraticien doit décliner ses actions selon la règle des 6 S : sécurité, signalisation, secours, soins, sélection, surveillance (voir fiche réflexe ci-dessous). Par son expérience des situations difficiles de décision médicale, il assure « un pilotage initial propre à rassurer les victimes et les proches impliqués dans l’événement. »

Fiche réflexe attentat

C’est sur le suivi des victimes que le généraliste occupe un rôle essentiel, grâce à ses connais­sances sur l’impact psycho-traumatique de l’attentat et la réhabilitation.

Trois types de circonstances peuvent le conduire à cette prise en charge.

Juste après l’attentat, à la sortie de l’hôpital. Le généraliste conseille le patient et assure un suivi du programme de soins personnalisé (de la rééducation initiale à la réadaptation-réinsertion). Il repère les difficultés du retour dans le milieu familial, appuie les démarches pour la reconnaissance du préjudice et soutient la réinsertion professionnelle.

Une personne présente lors d’un attentat se présente à lui. La consultation relève alors généralement du registre psychique. Il s’agit de lier (ou non) la symptomatologie à l’agression. Un praticien formé peut proposer un auto-questionnaire type post-traumatic stress disorder check-list scale (PCLS). Cette première consultation est tracée et le patient orienté vers un point d’urgence médico-psychologique ou une consultation spécialisée qui précisera le diagnostic et fixera un protocole de prise en charge. Ensuite, l’accompagnement par le médecin traitant poursuit les mêmes objectifs que ceux décrits précédemment.

Le patient consulte pour un motif que le géné­raliste va lier à un attentat récent ou plus ancien. Les troubles évoquent par exemple un syndrome de répétition traumatique, symptoma­tologie aisément détectée. Des manifestations anxieuses et dépres­sives, des conduites addictives ou suicidaires sont évoquées. On constate des changements dans la vie personnelle, professionnelle et familiale. Le généraliste aide le patient dans le déni à établir la relation avec l’attentat. Cela permettra d’amorcer le traitement et la réhabilitation.


Source : lequotidiendumedecin.fr