LE QUOTIDIEN : En votre qualité de maire de Reims, vous avez signé des communiqués communs contre la PPL Garot, aux côtés des syndicats de médecins libéraux et des étudiants en médecine. Pourquoi ce choix, alors que vous êtes aussi président de la Fédération hospitalière de France (FHF) ?
ARNAUD ROBINET : Nous n’avons jamais abordé le sujet [de la proposition de loi Garot] en tant que tel à la FHF. Il n’y a donc pas de position arrêtée du conseil d’administration. Il s’agit donc de ma conviction personnelle, en tant qu’élu local. Nous ne réglerons pas les difficultés d’accès aux soins avec une remise en cause de la liberté d’installation ! On ne régule pas une pénurie…
Cette proposition de loi est simpliste : si l’on veut vraiment renforcer l’accès aux soins, c’est l’ensemble du système qu’il faut réformer. Et ne pas appliquer les vieilles recettes consistant à toucher soit à l’hôpital, soit à la médecine de ville. Cette remise en cause populiste de la liberté d’installation des médecins ne résoudra absolument rien.
Quid de l’obligation de permanence des soins, également présente dans ce texte ?
La question de l’organisation de la PDSA avait été abordée dans le texte de loi porté par Frédéric Valletoux, adoptée fin 2023. Je constate aujourd’hui que les négociations conventionnelles et, plus globalement, les concertations entre acteurs, fonctionnent très bien ! La médecine de ville s’implique beaucoup plus dans cette PDSA, avec les services d’accès aux soins et les maisons de garde. Les choses avancent !
C’est la raison pour laquelle, à mes yeux, cette proposition de loi Garot est une sorte de provocation. Les choses se mettent en place sur le terrain et ce texte place les médecins devant le fait accompli, en faisant croire que la grande majorité d’entre eux refusent la PDSA et les stigmatise…
“On a du mal à comprendre la politique générale que mène le gouvernement
Quelles solutions pour l’accès à la médecine de ville souhaiteriez-vous privilégier ?
Je crois au travail collectif et à la pluridisciplinarité. À mon sens, le médecin ne peut plus être la seule porte d’entrée du parcours de soins. En fonction des besoins du patient, un collectif soignant se met en place : pharmaciens, kinés, psychologues, infirmiers… Le médecin reste référent mais il n’est plus l’unique porte d’entrée. Ce dispositif est à l’œuvre dans quelques territoires mais il reste des barrières à faire tomber, notamment le protectionnisme de certaines professions médicales.
Soutenez-vous le salariat des médecins ?
On voit clairement que de plus en plus de praticiens le souhaitent ! Je suis pour un modèle mixte – salarié et libéral –, mais il faut entendre les aspirations des jeunes médecins et étudiants, et y répondre. Dans tous les cas, je suis contre la contrainte. Je ne pense pas non plus que ce soit toujours aux collectivités de salarier ces médecins. Sur mon territoire rémois, une maison de santé pluriprofessionnelle, avec des généralistes, sages-femmes, psychiatres, infirmiers et kinés, a permis de repeupler un quartier entier dépourvu de soignants ! Un exemple de ce qui fonctionne et qui explique mon opposition totale à la PPL Garot, un totem.
Quel est votre sentiment quant aux positions divergentes entre Yannick Neuder et François Bayrou sur la régulation à l’installation ? Le premier y étant opposé et le second favorable…
Ce qui m’importe, c’est que les deux ministres chargés de la Santé, Catherine Vautrin et Yannick Neuder, soient sur la même longueur d’onde. Les divergences entre Ségur et Matignon sont à l’image de ce qu’on ressent à propos du gouvernement tout entier : il n’y a pas de ligne directrice dans ce patchwork de ministres d’horizons différents. On a du mal à comprendre la politique générale qu’il mène…
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