François Bayrou a-t-il convaincu les députés sur la santé ? Après sa déclaration de politique générale mardi, le Premier ministre a écouté les réactions des orateurs des onze différents groupes politiques de l’Assemblée nationale. Et la santé, survolée par le locataire de Matignon en fin de discours, était dans toutes les bouches.
Rebelote lors des questions au gouvernement ce mercredi 15 janvier. À cette occasion, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a même cité la santé comme premier compromis trouvé avec le Premier ministre. Dans sa réponse, François Bayrou a effectivement mentionné « l’évolution de l’objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) », comme une avancée obtenue par le PS, lors des négociations préalables. François Bayrou avait précisé la veille que l’évolution de l’Ondam 2025 serait de 3,3 % (au lieu de 2,8 %), soit « sensiblement au-dessus de la proposition faite par le gouvernement précédent ». Une rallonge budgétaire significative réclamée par l’ensemble du secteur.
Taxer les mutuelles pour financer les hôpitaux ?
Sur ce sujet, la ministre Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités, Familles) a assumé sur BFM-TV ce mercredi qu’il était « absolument indispensable » d’augmenter l’Ondam 2025, et notamment celui des établissements de santé. Ainsi fixé à 3,3 %, il tient compte du « contexte inflationniste », a-t-elle précisé, soit « un milliard d’euros de plus pour les hôpitaux » et la future campagne tarifaire du printemps. Cette hausse sera financée par les économies réalisées mais également par une… « restitution » à l’État des augmentations de tarifs des mutuelles, en clair par une taxe.
Dans un texte transmis au Quotidien, la Mutualité française (FNMF) a « pris acte » des arbitrages du gouvernement, notamment l’abandon de la réforme du ticket modérateur, qui ne sera pas augmenté. Mais, écrit-elle, « cette décision ne pourrait être contrebalancée par une augmentation des taxes sur les complémentaires santé, qui impacterait mécaniquement le pouvoir d’achat des Français et serait antinomique avec l’idée d’une construction pluriannuelle associant les acteurs ». La Mutualité se tient « à disposition » du gouvernement pour travailler à de « véritables leviers d’organisation et d’économie », comme la programmation pluriannuelle, l’efficience des soins, le développement de la prévention et la lutte contre la fraude.
Rapatrier les étudiants français à l’étranger
Interrogé lors des questions au gouvernement par le député Cyrille Isaac-Sibille (Les Démocrates) sur cette vision pluriannuelle promise par François Bayrou, le ministre de la Santé Yannick Neuder l’a jugée nécessaire, notamment « pour former mieux et plus de médecins », ainsi que pour améliorer la prévention, qui pourrait permettre de « diminuer, à terme, le nombre de patients en affection longue durée ». Répondant ensuite à Nathalie Colin-Oesterlé (Moselle, Horizons), le locataire de Ségur a affirmé l’importance de conduire des « réformes structurelles », lesquelles ne peuvent pas être portées « par des ministres de la Santé avec une durée de quatre mois », a-t-il ironisé.
L’ancien député isérois en a profité pour défendre sa proposition de loi sur les carabins « actuellement en Roumanie, Belgique ou Espagne », que le cardiologue ambitionne de rapatrier en France pour la fin de leurs études. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, partagerait la même philosophie, a-t-il confié devant les députés, qui l’ont applaudi lors de ce propos volontariste.
Saluant cette approche pluriannuelle, Marc Fesneau (Les Démocrates) a appelé plus concrètement à avancer sur les sujets « qui peuvent faire consensus », à l’instar du projet de loi relatif à la fin de vie, mentionné par François Bayrou la veille dans son discours. L’éphémère Premier ministre Gabriel Attal (Ensemble pour la République) a lui aussi parlé de ce texte comme un « chantier » sur lequel « ne perdons pas de temps ».
L’accès aux soins, problématique omniprésente
Sans surprise, l’accès aux soins a été abordé par nombre de députés alors qu’existe dans les tuyaux une proposition de loi transpartisane signée par plus de 200 parlementaires pour réguler l’installation. Dans un discours offensif, Mathilde Panot (La France insoumise) a dénoncé l’échec des politiques de santé qui ont permis, selon elle, le retour du scorbut en France, où « soigner est presque devenu impossible » et où « on fait mourir sur des brancards ». Sylvain Berrios (Horizons, Val-de-Marne) a regretté que l’accès aux soins soit devenu « un chemin de croix » pour de nombreux Français. Stéphane Peu (Gauche démocrate et républicaine, Seine-Saint-Denis) a identifié « l’hôpital public » comme l’un des « sujets de préoccupation » majeur.
Stéphane Lenormand (Liot, Saint-Pierre-et-Miquelon) a évoqué de son côté les crises qui « se multiplient », dont celle « des hôpitaux qui ne se relèvent pas » et les « difficultés pour obtenir un rendez-vous » chez le médecin. Dans ce contexte, le groupe Liot propose au Premier ministre de supprimer les agences régionales de santé (ARS) pour réaliser des économies et « débureaucratiser » le secteur.
Wauquiez fait le lien entre immigration et santé
À droite, Laurent Wauquiez (Droite républicaine) a fait le lien entre la santé et l’immigration, en proposant de conditionner, pour les personnes étrangères détentrices d’une carte de séjour, les prestations sociales (dont celles de santé) à une présence régulière sur le territoire de trois ans. Et si aucune majorité ne se dégage pour voter cette mesure, l’ancien président de la région Auvergne Rhône-Alpes réclame un référendum. Ayant rejoint Marine Le Pen à la faveur des dernières législatives, Éric Ciotti (Union des Droites pour la République), a pointé les contradictions au sein de ce gouvernement qui compte « des ministres souhaitant restreindre l’aide médicale d’État et d’autres, militants d’une AME sans limite… ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes