Le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn ont présenté ce lundi dans les locaux de Santé publique France leur plan pour renforcer la prévention pendant le quinquennat.
Cette série de 25 mesures qui « incarnent la révolution de la prévention » auront « vocation à évoluer et s'enrichir d'années en années à partir d'une évaluation régulière », a précisé la ministre. Ce plan représente un budget global de 400 millions d'euros sur le quinquennat et concerne tous les Français, de la grossesse jusqu'au troisième âge. Certains points devraient avoir des répercussions sur l'exercice du médecin généraliste.
Grossesse et acide folique
La première disposition est de supplémenter de façon systématique en vitamine B9 les femmes enceintes ou qui programment une grossesse. En raison d'un apport jugé insuffisant de cette vitamine, et du nombre élevé des anomalies de la fermeture du tube neural (1 naissance sur 1 000), une supplémentation médicamenteuse au moins quatre semaines avant la grossesse et au moins les deux premiers mois est recommandée. Des campagnes d'information seront programmées pour sensibiliser les professionnels de santé et les femmes. Toujours concernant la grossesse, une autre disposition est de sensibiliser davantage les femmes enceintes à proscrire toute consommation d'alcool, de tabac, de cannabis… « Un enfant sur 1 000 naît aujourd'hui avec un handicap lié à l'alcoolisme fœtal », a rappelé Agnès Buzyn.
Prévention de l'obésité et des risques auditifs chez les jeunes
Plusieurs mesures concernent la prévention infantile. Ainsi, le généraliste pourrait être impliqué dans un suivi plus attentif des jeunes enfants grâce à une nouvelle version du carnet et des certificats de santé de l'enfant diffusée en 2018. Une version dématérialisée de ces deux outils est prévue pour 2020. Des expérimentations de parcours prévention de l'obésité chez les 6-8 ans seront également renforcées. Dans quatre départements (Nord, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis et La Réunion), le médecin traitant peut prescrire, dans le cadre d'un forfait, des consultations de diététique, des bilans d'activité physique ou des consultations psychologiques. Le gouvernement souhaite y ajouter des séances d'activité physique. Le risque auditif chez les jeunes fera pour sa part l'objet d'un des 20 examens de santé à 15 ans. Ces examens seront d'ailleurs étalés de 0 à 18 ans, contre 0 à 6 ans auparavant, « pour une meilleure prise en charge et seront remboursés à 100% », a annoncé Agnès Buzyn.
Frottis remboursé à 100 %
Chez l'adulte, le plan prévention introduit un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, via le remboursement à 100 % du frottis « pour toutes les femmes n'ayant pas réalisé de frottis dans les trois dernières années », entre 25 et 65 ans. Cette mesure complète celle prévue dans la Loi de financement 2018, qui prévoit une consultation de prévention du cancer du sein et du cancer du col de l'utérus pour les assurées de 25 ans. Le document ne précise cependant pas si ce remboursement concerne la consultation en elle-même, actuellement au tarif de 37,46 euros chez le généraliste, ou l'examen biologique, ou les deux.
Remboursement des moyens de sevrage tabagique
Le plan contient aussi des mesures de prévention des addictions à destination du jeune public (actions de prévention gratuites pour les 11-25 ans, proposition systématique de consultation préventive post-passage aux urgences pour conduites addictives…). Chez l'adulte, la lutte contre le tabagisme sera également renforcée par le remboursement classique des traitements d'aide à l'arrêt du tabac. Les généralistes devraient donc être mis à contribution pour la prescription de ces antitabagiques. Les Français peuvent pour l'instant bénéficier d'un forfait de 150 euros par an à cet effet dans le cadre de la Loi de financement de la Sécu de 2017.
Élimination de l'Hépatite C pour 2025
Autre action de dépistage, l'élimination de l'Hépatite C à l'horizon 2025. Le plan reprend les objectifs formulés récemment par l’Association française pour l’étude du foie (AFEF), à savoir ouvrir la prescription d’antiviraux« à de nouveaux prescripteurs en favorisant les réseaux ville-hôpital ». Même s'ils ne sont pas spécifiquement cités, les généralistes devraient être pleinement impliqués sur ce volet. D'autant plus que le plan précise vouloir « renforcer le dépistage de proximité par test rapide d'orientation diagnostique dans une approche combinée VIH, VHC, VHB ».
La vaccination anti-grippale par le pharmacien généralisée en 2019
Enfin, si le plan prévention du gouvernement comprend peu de mesures significatives concernant le sujet âgé, la vaccination anti-grippe fait un pas de plus chez le pharmacien. Il prévoit la généralisation de la vaccination antigrippale dans les officines dès 2019. Expérimentée depuis le mois d'octobre dernier en Auvergne-Rhône-Alpes et en région Nouvelle-Aquitaine, cette initiative fait encore débat chez les médecins, qui y sont largement opposés. « L'objectif du gouvernement est d'élargir les compétences vaccinales des professionnels de santé » et de « fluidifier les parcours pour lever tout frein à la vaccination », explique le gouvernement dans son plan. La ministre a d'ailleurs reprécisé ce matin vouloir « ouvrir et permettre les rappels de vaccinations aux pharmaciens, aux infirmiers et aux sages-femmes ».
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