L’audition de Yannick Neuder aura duré plus de deux heures devant la commission des Affaires sociales du Sénat, le 12 mars. Saluée par les élus, l’intervention du cardiologue isérois lui a permis de détailler sa feuille de route et d’insister sur les besoins en matière de formation, nerf de la guerre à ses yeux, pour lutter contre la désertification médicale.
Et pour cause : en réponse à une question sur l’accès aux soins posée par la rapporteure de la branche maladie Corinne Imbert (apparentée LR, Charente-Maritime), Yannick Neuder a reconnu qu’il n’y avait « pas de réponse immédiate », car « nous manquons de soignants en France ». Raison pour laquelle ferment aussi des lits à l’hôpital : « par défaut de professionnels ». Pire, « à l’épaisseur du trait », sont formés le même nombre de praticiens qu’en 1970… avec 15 millions de Français en plus, un vieillissement de la population mais aussi un autre rapport au travail des médecins, « qui n’a été anticipé par personne », a-t-il argumenté.
Docteurs juniors, Padhue, rapatriements…
Dans ce contexte, le locataire de Ségur a promis d’être « volontariste pour ouvrir largement la formation et de pouvoir utiliser toutes les voies » de manière à « dans les deux ans, avoir un projet de 50 000 médecins supplémentaires ». Son calcul se décompose ainsi : 12 000 médecins formés chaque année par la voie initiale, 3 700 nouveaux « docteurs juniors » également chaque année, 4 000 Padhue intégrés par an et 5 000 jeunes français partis se former à l’étranger, un chiffre sans doute sous-estimé. Sans compter les renforts espérés de praticiens retraités… Le ministre a également mentionné sa volonté de « développer les assistants territoriaux », en lien avec les agences régionales de santé (ARS) pour qu’ils exercent dans des territoires sous-dotés.
« Ce ne sont pas des solutions hyper immédiates mais des solutions qui peuvent voir jour à partir de 2026 », a-t-il indiqué, défendant la stabilité du gouvernement – et de son propre ministère. Pour l’heure, le cardiologue est bien en poste et entend se projeter.
Dans le contexte géopolitique, « la santé peut être une arme »
Devant les sénateurs, Yannick Neuder a également dit un mot sur « la situation internationale » (guerre en Ukraine, positionnement des États-Unis), sujet qui l’anime et l’inquiète « grandement », a-t-il confié, estimant que « la santé peut être une arme » dans ce contexte. De fait, les pacemakers, pousse-seringues, défibrillateurs ou autres dispositifs médicaux étant liés à des systèmes numériques, le ministre a exprimé sa crainte au sujet de possibles attaques par des puissances étrangères.
En ce sens, le plan « CaRE » est doté de 45 millions d’euros supplémentaires pour « protéger nos systèmes informatiques de nos différentes structures hospitalières et médico-sociales » qui, dans le passé ont dû transférer des patients « parce qu’on a perdu le contrôle ». Une réflexion sur de nouveaux virus, les attaques bactériologiques et d’autres enjeux stratégiques est à engager, a-t-il aussi plaidé, le ton grave.
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