1,5 million d’euros de budget et 40 premières embauches de médecins salariés dès 2022 ! C’est l’objectif du Groupement d’Intérêt Public (GIP) « Ma Santé, Ma Région », le « service public régional de la santé » lancé vendredi 17 juin en Occitanie pour combattre les déserts médicaux en utilisant massivement le levier du salariat.
À la campagne comme à la ville, 80 % du territoire d’Occitanie est en tension médicale avec une carence, voire une absence de généralistes. Un constat alarmant qui a décidé la Région, présidée par Carole Delga, à mettre en œuvre ce service public de la santé avec des ambitions élevées. Objectif ? Recruter 40 médecins dès cette année et 200 d’ici à cinq ans (mais aussi des infirmiers et sages-femmes) afin de déployer un vaste maillage de centres de santé pluridisciplinaires, qui complétera l’offre libérale.
Top départ dès juillet
« Les deux premiers médecins salariés arrivent le 1er juillet à Sainte Croix-Volvestre, une commune d’Ariège, puis d’autres suivront à Millas dans les Pyrénées-Orientales, à Saint-Gilles dans le Gard et dans le Tarn-et-Garonne », précise le Pr Vincent Bounes, patron du Samu 31 et vice-président de la Région en charge des questions de santé. Notre objectif est d’ouvrir un centre médical par mois jusqu’à salarier 200 médecins. »
Le dispositif s’appuie donc sur un GIP qui associe Région, communes et départements. Les médecins signent un contrat de travail avec ce GIP – CDD ou CDI de 35 heures, sans durée minimale d’engagement obligatoire – et sont rémunérés par la Sécurité sociale qui reste le principal financeur associé à la Région et aux autres collectivités.
Pour 2022, la Région Occitanie abonde à hauteur de 500 000 euros. « Nous ne nous insérons pas dans l’exercice médical qui reste absolument libre, revendique le Pr Vincent Bounes. Nous finançons le matériel médical, un véhicule électrique pour les visites à domicile et nous accompagnons les professionnels pour l’accueil du conjoint et des enfants. En résumé, nous leur proposons un projet de vie plus qu’un remplacement ou un mercenariat. »
Salaires alignés sur la grille hospitalière
De fait, les locaux sont mis à disposition et financés par la commune et les départements. Un secrétariat physique, également employé par le GIP, assure les formalités administratives afin que les médecins puissent se consacrer exclusivement aux soins. Dans leur contrat de travail de droit public, les praticiens salariés s’engagent à participer à la permanence des soins, à assurer des soins non programmés, à effectuer des visites à domicile et à pouvoir être maître de stage.
Pour ce salariat à grande échelle, l'Occitanie a opté pour un système unique, avec la même grille de salaire, calquée sur l'hôpital. Pas question en effet d'organiser une concurrence déloyale ou un dumping entre territoires voisins. « Les jeunes médecins seront rémunérés au départ à 4 700 euros net en salaire, plus les gardes. Et ce salaire sera aligné au bout de 12 ans sur la grille hospitalière. Pour les médecins en fin de carrière, il atteindra 7 500 euros net mensuels », précise Vincent Bounes.
Jeunes médecins et médecins en reconversion
Quels sont les profils visés ? Parmi les premiers candidats – une quarantaine aurait postulé – nombre de jeunes médecins qui exercent depuis moins de cinq ans et souhaitent se tourner vers le salariat, souvent par crainte du libéral. « Mais nous enregistrons aussi des candidatures de généralistes qui viennent du nord de la Loire et souhaitent se reconvertir en milieu de carrière, précise-t-il. Ceux-là sont très attirés par l’exercice à la campagne. Enfin, quelques jeunes retraités qui ont envie de transmettre au sein de ces centres de santé mixtes ont aussi postulé ».
À Sainte-Croix-Volvestre, commune ariégeoise de 620 habitants qui inaugure le dispositif le 1er juillet, deux jeunes médecins sont attendus. Diplômés de la fac de médecine de Toulouse, ils ont exercé au Centre hospitalier Ariège Couserans (CHAC) de Saint-Girons et fait des remplacements en libéral avant de se laisser séduire par un exercice salarié. « On s’en félicite ! », commente Michel Pichan qui a porté le projet au nom de la communauté de communes, lorsque deux médecins avaient annoncé leur départ à la retraite en décembre prochain. Une bouffée d'oxygène.
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