Les plus modestes développent plus souvent une maladie chronique que les plus aisés. C’est le bilan de la nouvelle publication « Études et résultats » de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée le 6 octobre. Cette étude s’appuie sur des données socio-fiscales appariées aux données de santé (EDP-Santé), pour la période 2016-2017.
« Les 10 % les plus modestes de la population française développent plus souvent une maladie chronique que les 10 % les plus aisés, à âge et sexe comparables », écrit la Drees. Dans le détail : 2,8 fois plus de diabète ; 2,2 fois plus de maladies du foie ou du pancréas ; deux fois plus de maladies psychiatriques ; 1,6 fois plus de maladies respiratoires chroniques ; 1,5 fois plus de maladies neurologiques ou dégénératives et 1,4 fois plus de maladies cardioneurovasculaires.
« En revanche, les personnes les plus modestes développent relativement moins de cancers. Ce constat ne tient cependant pas compte des éventuelles inégalités sociales devant le recours au dépistage et des différences selon le type de cancer », précise la Drees.
Les ouvriers plus à risque que les cadres
De même, « les ouvriers ont deux fois plus de risque de développer une maladie psychiatrique que les cadres et professions intellectuelles supérieures », écrit la Drees. Le risque est multiplié par 1,9 pour le diabète ; 1,5 pour les maladies neurologiques ou dégénératives et les maladies du foie ou du pancréas ; 1,4 pour les maladies respiratoires chroniques et 1,3 pour les maladies cardioneurovasculaires. En revanche, aucune différence significative de risque n’a été mise en évidence pour ce qui concerne les cancers.
« Comme elles développent plus souvent des maladies chroniques, les personnes les plus modestes sont aussi plus nombreuses à vivre avec l’une de ces maladies. Et ce, bien que leur mortalité soit relativement plus élevée lorsqu’elles sont malades », renseigne la Drees.
Les inégalités sociales sont particulièrement marquées face au risque de vivre avec une maladie psychiatrique : les personnes les plus modestes vivent 2,8 plus souvent avec une maladie psychiatrique que les personnes les plus aisées alors qu’elles ne développent que deux fois plus de maladies psychiatriques.
Des inégalités sociales femmes-hommes
« Les inégalités sociales sont plus fortes chez les femmes que chez les hommes en ce qui concerne le diabète », développe la Drees. Le risque est multiplié par 3,5 entre les plus modestes et les plus aisées chez les femmes, et par 1,9 chez les hommes. Il en est de même pour les maladies cardioneurovasculaires, où le risque multiplié par 1,5 contre 1,2 chez les hommes.
Ces inégalités sont en revanche moins fortes chez les femmes que chez les hommes pour les maladies psychiatriques (2,4 contre 3,5 chez les hommes), les maladies du foie ou du pancréas (2,4 contre 2,8 chez les hommes) et les maladies neurologiques ou dégénératives (1,4 contre 1,6 chez les hommes).
Enfin, sans les maladies chroniques, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes serait réduit de plus d’un tiers. Les maladies qui creusent le plus les inégalités en matière d’espérance de vie sont les maladies psychiatriques et les maladies cardioneurovasculaires.
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