Dans une Europe de la santé, faut-il faire voyager les médecins ou les patients ? Plutôt les compétences, a répondu Thomas Berglund, président du groupe Capio. Les prises en charge transfrontalières se heurtent en pratique à de nombreux obstacles financiers, réglementaires ou linguistiques. Et cette activité paraît marginale tant pour un groupe européen comme Capio, spécialisé en chirurgie que pour Korian impliqué dans la prise en charge des personnes âgées. La France dans l'accueil hospitalier de riches étrangers, on le sait, accuse un sérieux retard, comme l'avait établi un rapport de Jean de Kervasdoué. Cette activité outre-Rhin a engrangé en 2014 deux milliards d'euros, à comparer avec 120 millions dans l'Hexagone. Mais les patients sont souvent d'origine extra-européenne.
La formation des professionnels entre pays européens représente une piste de progrès plus accessible. Capio a ouvert la voie avec la mise au point de la récupération améliorée après chirurgie (RAAC). Les chirurgiens français ont été formés à la méthode par leurs confrères scandinaves. Puis à leur tour ont optimisé les procédures. Ce qui a permis aux praticiens des pays nordiques de réduire encore la durée d'hospitalisation dans le cas de prothèse de hanche.
Pour les patients, la libre circulation relève plutôt du mythe. Elle s'observe plutôt dans le tourisme de bien-être et le thermalisme selon la distinction opérée par une étude publiée en août 2017 sur le tourisme de santé dans les 28 pays de l'Union européenne. Le tourisme de santé est une réalité. Il générerait environ 34 milliards d'euros de recettes, soit 4,6 % de tous les revenus du tourisme. Même dans le cas spécifique des malades rares où une directive européenne en 2011 a permis la création de 24 réseaux européens, les malades européens ne sont pas autorisés à bénéficier des innovations thérapeutiques, si elles ne sont pas mises sur le marché dans leur pays d'origine.
En revanche, la mise en commun des connaissances entre spécialistes, la rédaction de référentiels est une réalité en Europe, comme l'a témoigné le professeure Nathalie Salles, gériatre au CHU de Bordeaux, et future présidente de la Société française de télémédecine.
Quant à la création de pôles d'excellence en Europe qui accueilleraient sans contrainte majeure les malades européens, elle ne figure pas à l'agenda européen. Faut-il ronger son frein ?
D'après la table ronde animée par Philippe Denormandie, MNH Group.
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