Quarante ans ou presque en salle d'attente ! Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) aura longuement pesé les arguments pour et contre avant d'accepter dans son cénacle des représentants de patients. C'est pour le moins le temps long de la réflexion ! Le silence d'une institution sur cette question où le dialogue, la confrontation des points de vue, le refus de la verticalité sont au cœur du projet et révèlent en creux un modèle reposant sur un ordre ancien. Afin de réparer cet oubli, le CCNE accueillera en son sein des figures médiatiques comme Cécile Duflot et Didier Fassin. Reconnaissons que ces personnalités se sont illustrées avec talent dans d'autres combats que l'engagement au quotidien auprès des malades. On distinguera toutefois le combat d'Yvanie Caillé accueillie également au sein du CCNE à l'origine de Renaloo qui a largement contribué au renouveau des associations de patients et Noémie Nolleau impliquée dans la défense des personnes handicapées. En tout cas, on attend désormais du CCNE des percées sur le front des patients, comme la participation des malades aux réunions de concertation pluridisciplinaire, une reco du Cercle Galien 2021. Ce qui contribuerait à changer vraiment la vie des malades et à abandonner un paternalisme médical attaqué au quotidien par tous les comités d'éthique de France. De la théorie à la pratique, le chemin est parfois hérissé de barbelés infranchissables. En témoignent aussi ces « Gaulois réfractaires au changement », ces soignants qui ont lutté contre l’obligation vaccinale refusant d’entendre qu’« une personne non vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée », selon les données de l’Institut Pasteur.
Pour autant, le moment ne serait-il pas venu, comme le suggère Emmanuel Hirsch dans une tribune publiée par The Conversation du 2 mai 2022 de rétablir dans leurs droits les professionnels non vaccinés ? Le spécialiste d’éthique médicale appelle à une amnistie présidentielle mais aussi à une convention citoyenne. Une politique de santé publique, même édictée au sommet de l’État, ne peut se réduire en effet à une envie « d’emmerder les non-vaccinés ». Le président de la République a ouvert la voie avec l’annonce d’une convention citoyenne sur la fin de vie lors de la campagne présidentielle.
S’invente peut-être là une nouvelle pratique. Sur une question qui bouscule les clivages et les appartenances, le CCNE avec son groupe de travail constitué en 2021 sur cette thématique peut contribuer à nourrir le débat, au service des citoyens. Après les patients, faudrait-il demain inviter à siéger au CCNE un citoyen ordinaire, tiré au sort, vous ou moi ? Démagogie ou renouveau démocratique, c’est peut-être une question à soulever avant le 40e anniversaire du CCNE en février prochain.
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols