Le pari est gagné pour le Pr Antoine Tesnière, directeur général de Paris Santé Campus (PSC), qui fête ses trois ans d’existence : « Au sein d’un système de santé parfois un peu éclaté, le constat initial était qu’il fallait mieux connecter les expertises classiques (soins, enseignement, recherche) avec des expertises industrielles (ingénierie, mathématiques) qui sont le terreau du développement du numérique en santé. Au final, nous avons réussi à installer cet objet qui est devenu une référence centrale regardée par tout l’écosystème du numérique en santé ».
« Cet objet » est le fruit de trois programmes publics de soutien à l’investissement (feuille de route du numérique en santé, stratégie nationale d’accélération numérique, France 2030) qui ont aidé au déploiement de ce campus d’un genre nouveau regroupant, dans un même bâtiment, dans le sud de la capitale, la crème de la recherche et de l’innovation dans le numérique publiques et privées. Depuis le lancement du projet par Emmanuel Macron en 2021, les cinq membres fondateurs, l’Inserm, l’Inria, l’université Paris Sciences et Lettres (PSL), l’Agence du numérique en santé (ANS) et le Health Data Hub ont créé des partenariats avec près de 80 structures privées, dont une majorité de start-up.
Système de parrainage
Après avoir intégré la majorité de ces entreprises innovantes au cours de l’année 2021 et 2022, le campus a atteint un rythme de croisière avec une vingtaine de start-up qui rentrent par an et une quinzaine qui sortent, soit un taux de remplissage de 90 %. « Nous documentons la façon dont les start-up vont profiter du campus. Nous vérifions leur développement, leurs connexions, leurs levées de fonds sur des conventions de trois ans révisables en fonction de l’avancée de leur projet », explique le Pr Antoine Tesnière. Si les start-up arrivent à lever suffisamment de fonds pour atteindre une taille critique, elles quittent PSC pour des bureaux plus grands. Ces entreprises matures et aux reins plus solides peuvent ensuite revenir parrainer celles qui démarrent sur site.
En l’état, 46 sociétés privées ont fait le pari de l’IA, autre point fort de Paris Santé Campus. Ainsi en est-il de Milvue, pousse française ayant migré aux États-Unis qui aide les radiologues à poser le bon diagnostic. Également spécialisée dans l’imagerie médicale, Deemea utilise quant à elle l’IA à des fins de recherche biomédicale.
Cinq cents publications en IA en trois ans
Sur le campus, six institutions et laboratoires font travailler 600 chercheurs qui ont publié 500 publications en trois ans dans les domaines de l’intelligence artificielle. On y compte l’institut PR[AI]RIE Paris School of IA, ou bien l’Institut Physics for Medicine Paris, à l’origine des start-up Cardiawave (qui traite les valves cardiaques) et SonoMind (qui stimule le cerveau pour traiter la dépression).
Plus de 55 % des jeunes entreprises basées sur le site sont déjà développées à l’international
En plus de la recherche, des programmes de formation sont portés par l’université Paris Sciences et Lettres. Trois cents étudiants sont formés chaque année.
Un autre programme public, le Grand Défi « Dispositifs numériques en santé mentale », lancé en juin 2024, prend en compte la consommation de médicaments en santé mentale, qui reste le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie (autour de 25 milliards d’euros par an). L’accélérateur Impact a sélectionné une quinzaine d’acteurs. En font partie Monka, qui soutient les aidants familiaux, et Tricky, qui crée des environnements virtuels pour aider les patients.
Plus de 55 % des start-up basées sur le campus sont déjà développées à l’international. Plusieurs entreprises venant d’Allemagne, d’Italie ou de Suède qui souhaitaient s’implanter sur le marché français ont été accueillies sur le site. Les États-Unis sont un acteur majeur. Avatar Medical, qui fait de l’imagerie médicale en 3D, cherche à s’y implanter.
Paris Santé Campus poursuit sa croissance. Il compte déménager à l’hôpital du Val-de-Grâce en 2029. Cela lui permettra de doubler sa surface, qui passera à 70 000 mètres carrés, afin d’accueillir encore plus d’acteurs innovants.
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