Le département de l’Ain connaît des difficultés de démographie médicale importantes. Avec 6,9 médecins généralistes libéraux pour 10 000 habitants, le territoire est bien en deçà de la moyenne nationale de 8,5 pour 10 000. Et les départs à la retraite de médecins prévus dans les prochaines années rendent la situation encore plus préoccupante. Mais les acteurs du territoire ne restent pas les bras croisés. Après une concertation en 2018-2019, le département a voté en février 2020 « un plan d’action départementale en faveur de la démographie médicale », a détaillé ce mercredi le président du département Jean Deguerry lors d’une conférence de presse.
Cinq cabines sur le département
Ce plan s’articule autour de quatre axes, le premier étant d’augmenter l’offre de soins à court terme. Dans les actions prévues à ce niveau, l’ARS a validé en juillet dernier le projet de centre de santé départemental. Sur le territoire, le conseil départemental va donc financer l’embauche salariée de l’équivalent de quatre médecins à temps plein qui travailleront dans les MSP volontaires ou auprès de médecins libéraux dans les zones sous-denses.
À côté de cela, l’Ain a également décidé de se lancer pleinement dans la télémédecine en implantant 5 cabines de téléconsultation sur le département. La première sera opérationnelle dès demain dans l’espace santé de Montréal-la-Cluse. Les habitants de la commune mais aussi de celle avoisinante : Brion, Port, Béard-Géovreissiat et Nurieux-Volognat pourront prendre rendez-vous sur une plateforme en ligne ou par téléphone pour venir réaliser une consultation dans cette cabine. Connecté avec un médecin à distance en visioconférence, le patient est guidé pour la réalisation de cet examen clinique avec tous les équipements présents dans la cabine : tensiomètre, pèse-personne, thermomètre, ECG etc.
20 % de patients sans médecin traitant où est implantée la 1re cabine
Après l’inauguration de cette première cabine, conçue par l’entreprise française H4D, quatre autres seront implantés dans d’autres zones du département. Une à Bourg-en-Bresse, une à Saint-Julien-sur-Reyssouze, une dans le Bugey Sud et la dernière dans le pays de Gex. Bien conscient que la télémédecine ne fait pas tout, le conseil départemental veut, avec ces cabines, essayer de pallier au plus urgent en termes d’offres de soins. « Aujourd’hui sur le bassin de population choisi pour cette première cabine, 20 % de la population n’a pas de médecin traitant », explique Jean Deguerry. Le président du Conseil départemental insiste également sur l’approbation du projet par les professionnels de santé locaux. « Si les médecins du coin avaient été contre, nous ne nous serions pas implantés là, mais ils y ont vu aussi la possibilité d’être un peu déchargé de certaines consultations », assure l’élu.
Pour chaque cabine, le conseil départemental aura dû débourser 100 000 euros, mais il a reçu un bon coup de pouce de l’État via la subvention DSID (dotation de soutien à l’investissement des départements), « qui a représenté 80 % du financement », détaille Jean Deguerry. Pour l’entretien et la maintenance, les cinq communes concernées par l’implantation de cette première cabine se sont mises d’accord pour se partager le financement, au prorata du nombre d’habitants de la commune l’utilisant.
Une mesure parmi d'autres
Le département fonde donc de grands espoirs sur ce dispositif mais ne s’arrête pas là. Dans le cadre de son plan d’action pour la démographie médicale, il veut aussi favoriser l’attractivité du territoire en renforçant notamment les aides existant déjà pour les internes. Pour l’instant en 2020, 304 000 euros ont été versés à 126 internes. Un espace départemental des professionnels de santé va également être créé. Ce lieu ressource sera implanté à Bourg-en-Bresse avec des espaces de travail et de réunion, accompagnement à l’installation etc. Les 3 et 4 septembre derniers, un séminaire de formation à la maîtrise de stage a été organisé pour 16 praticiens du département. En décembre, un accueil unique à l’installation sera également ouvert avec des permanences les 2e et 4e mardis du mois pour permettre aux professionnels de rencontrer en une seule fois tous les organismes intervenant dans une installation. Des outils numériques sont aussi proposés comme le guide d’hébergement pour les internes. Enfin à plus long terme, l’Ain travaille pour pouvoir proposer l’ouverture d’une première année de médecine dans le département à l’horizon 2022. Depuis cette année, il est d’ores et déjà possible de suivre à Bourg-en-Bresse une licence avec accès santé (L.AS).
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