Face aux CHU et à la concentration des hommes et des moyens la proximité et l'autonomie sont-elles la solution ? Non pour Guy Vallancien qui veut même de façon iconoclaste supprimer les CHU ! Il a à la fois tort et raison !
Deux explications se détachent pour imposer le regroupement des personnels et des matériels sur des plateaux interventionnels adaptés quitte à faire un peu plus de kilomètres pour y accéder. Les équipes qui opèrent souvent acquièrent l’expérience des cas les plus difficiles et savent mieux gérer les complications qui peuvent survenir. Cependant c'est l'homme qui opère et, s'il est bon, de par sa formation, il peut se contenter d'une équipe réduite !
La qualité ne se décrète pas par le lieu, mais par la seule compétence des soignants alliée à la fonctionnalité des matériels. Une fois de plus, la machine à mensonges se met en marche. Alors qu’il est évident que le système de santé est à bout de souffle, à force d’être mangé par une bureaucratisation inhérente à son gigantisme, on trouve encore des urgentistes pour expliquer qu’il vaut mieux soigner le mal par le mal : toujours plus d’hôpitaux gérés par l’État, avec toujours plus d’argent public déversé dans une énorme machine incontrôlable et incontrôlée.
Donc, augmentons la dépense publique de santé en France et tout ira mieux. De façon paradoxale, il faut même que le service public soit inefficace pour justifier toujours plus d’impôts et toujours moins de liberté des citoyens par rapport à un État glouton. Sur le fond, le système de santé français est coûteux. Avec 11 % du PIB consacré à la santé, la France figure parmi les champions du monde de la dépense médicale. Alors concentration ou dispersion ?
L’exemple des maternités
On est mieux soigné, mieux dorloté dans les petites maternités que dans les « usines à bébés » clament haut et fort les personnels, qui défilent quand une maternité est menacée. La France reste cependant mal classée en termes de décès maternel par hémorragie de la délivrance et en complications néonatales.
Le seuil de sécurité se trouve aux alentours de 1 000 accouchements par an ! On ne doit plus accoucher dans sa voiture ou chez soi : une proximité raisonnable reste donc nécessaire.
Les Blocs opératoires
120 blocs opératoires pour des raisons de sécurité et de qualité de soins auraient dû être fermés. Deux explications se détachent pour imposer le regroupement des personnels et des matériels sur des plateaux interventionnels adaptés quitte à faire un peu plus de kilomètres pour y accéder. Les équipes qui opèrent souvent acquièrent l’expérience des cas les plus difficiles et savent mieux gérer les complications qui peuvent survenir. « Si tout le monde peut naviguer par vent faible sans courant sur un lac aux eaux plates, rares sont ceux à même de courir un Vendée Globe sans avoir accumulé des miles de navigation par gros temps. »
Dans les établissements à faible activité, le travail intérimaire en rapport avec la vacance des postes (entre 25 et 33 % selon les spécialités) s’ajoute au peu d’expérience des équipes, cumulant des risques évitables. Opérer avec des chirurgiens mal formés, des anesthésistes et des infirmières vacataires ne crée pas l’écosystème propice aux meilleurs soins.
C’est dans les cliniques privées que cette compétence est le mieux située, mais avec la politique des regroupements dans des chaînes et avec les normes, des centaines ont disparu ! C’est dans ces établissements d’une centaine de lits que la proximité permettait de traiter la plupart des urgences avec sécurité et à moindre coût.
La transplantation : la concentration est incontournable
Pourquoi cinq services parisiens font-ils encore des greffes d’organes ? Qu’attend-on pour concentrer l’expérience sur un ou deux centres ? À Lyon, la bataille fait rage pour empêcher le regroupement de deux unités de transplantation en une ! Les arguments les plus éculés sont utilisés, alors que sécurité ne rime en rien avec proximité.
Les urgences : de petits hôpitaux non ; des cliniques privées oui !
Des hôpitaux neufs sont sortis de terre, mais à quel prix ? Ils sont le bel arbre qui cache la décrépitude des autres. Pendant ce temps, les malades attendent aux urgences surchargées : 8 millions de patients en 1988, plus de 21 millions en 2017 !
L’hôpital comme la ville ne doit pas être la variable d’ajustement du taux de chômage dans une commune. Il doit être un lieu de soins hautement technologique ou les équipes rassemblées agissent en commun contre la souffrance. Trop de postes pourvus par des médecins qui n’ont pas nos diplômes et trop de vacataires, voire de mercenaires !
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