« Où y a-t-il un téléphone ? Il faut que je prévienne ma femme que je rentrerai finalement plus tard. » 1983. Nous sommes aux Halles dans les locaux du « Généraliste ». Il est autour de 22 heures. Venu en voisin, Jacques Chirac, maire de Paris, n’en finit pas de discuter avec les médecins généralistes avec lesquels nous l’avons invité à débattre. La maison lui plaît ? Il reste. En pleine Mitterrandie, pas question d'oublier les médecins libéraux. Quand on pouvait les rencontrer, sur le terrain, en chair et en os, ça n’avait pas de prix.
Le lien tissé, il nous reçoit plus tard pour une interview à la mairie de Paris. Les ors de l’hôtel de Ville ? Qu’importe. C’est presque comme à la maison. Et quand dix ou quinze ans après, lors de la campagne présidentielle de 2002, il m’accueille cette fois dans son bureau de l’Elysée pour répondre à des questions posées par des lecteurs, c’est qu’il s’est souvenu de tout ce temps passé. Proximité rimait alors avec fidélité.
Cette entrevue de 2002 terminée, le Président candidat me raccompagne en haut de l’escalier Murat, me prend par l’épaule : « Pardonnez-moi Monsieur Richard de n’avoir pu vous consacrer plus de temps, j’en suis vraiment désolé. » On tombe sous le charme !
Auparavant, pour me permettre de boucler le journal à temps, Jacques Chirac avait accepté de me donner en avant-première son discours aux médecins dans le cadre de la campagne électorale. Il fallait renouer avec les libéraux, après un divorce quasi passionnel en raison du plan Juppé et de la maîtrise comptable des dépenses de santé.
Je relis ses notes manuscrites laissées lors de la table ronde avec les généralistes en 1983 : « Déficit SS », « augmentation des dépenses », « contrôle des caisses », « paiement à l’acte »… En 1986, Premier ministre de cohabitation, il organise avec Séguin les États généraux de la Sécurité sociale. C’est l’ordonnancier bizone. En 95 c’est le plan Juppé et le PLFSS…
Les déficits ont bien sûr été au cœur des préoccupations de ce gaulliste mâtiné de radical-socialisme, défenseur de la protection sociale. Mais derrière l'énarque auditeur de la cour des comptes, il y a l'homme Chirac, qui finira par nous dire ce jour d'avril 2002 : « la maîtrise comptable ne marche pas ».
Ce que je retiens de lui, avec émotion aujourd’hui, c’est cette humanité, si singulière. Cette disponibilité.
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