L’étudiant de Rennes qui a réussi brillamment ses ECN en étant classé premier a décidé de venir « se dorer la pilule » dans le sud de la France (Mathis Jacquet a « maladies infectieuses et tropicales » à Montpellier, NDLR). Cette décision m’honore, tout comme l’ensemble des praticiens exerçant dans le sud comme moi, car nous sommes très fiers de notre région.
Compte tenu de cette performance toutes les portes lui étaient ouvertes pour choisir la spécialité ayant sa faveur.
Dans un premier temps cet étudiant n’était pas opposé au choix de la médecine générale. D’ailleurs lors de la première interview qu’il avait donné il se demandait si son choix ne se porterait pas sur cette spécialité qui avait déjà eu la faveur d’un major de promotion.
La 4e année de DES de médecine générale pointée du doigt
Au moment de faire le grand saut concernant son avenir professionnel ce dernier a décidé radicalement de changer de braquet, et a décidé tout bonnement de devenir un futur infectiologue.
Ce revirement il l’explique (il a eu dans un premier temps une sorte de devoir de réserve, ou il attendait avec anxiété de connaître la totalité des caractéristiques de cette réforme des études médicales) tout bonnement par le fait qu’il considère comme inapproprié la réforme de la 4e année en médecine générale.
Il est vrai que depuis l’annonce par les pouvoirs publics d’un rajout d’une année en médecine générale, les concertations entre les membres de la commission ont été assez longues, et nous avons l’impression que les lignes directrices ne sont pas totalement définies ou de manières peu claires.
De ce fait nous pouvons parfaitement comprendre le choix de notre futur collègue qui n’a pas démérité dans ses études.
Une spécialité complexe, mais indispensable pour nos concitoyens
Ce qui est quelque peu frustrant en ce qui me concerne c’est de voir que cette position, tout à fait justifiée par ailleurs, va être responsable d’un dénigrement d’une spécialité qui est à la base de notre système de santé.
Nous ne devons pas oublier que le champ de la médecine générale est vaste, et qu’il est impossible pour ces professionnels d’être performants dans toutes les spécialités.
Aussi les capacités (connaissance, écoute, social) d’un médecin généraliste sont très importantes (souvent plus que pour d’autres spécialités), ce qui contraint les futurs confrères à être de véritables experts dans de nombreuses disciplines.
Cette situation est d’autant plus actuelle, que ce soignant doit intégrer le fait qu’il devra être plus performant par le passé du fait d’une pénurie de spécialistes.
Ainsi, et je le vois personnellement, je dois accepter de prescrire un scanner plutôt qu’une échographie du fait de plages disponibles lointaines.
Malheureusement ce choix peut être à l’origine d’erreurs du fait dans certains cas d’une moins bonne performante de la tomodensitométrie sur l’étude des composantes tissulaires.
La base de notre système de soins
D’autre part nous ne devons pas oublier que cette spécialité est la base de notre système de soins car le médecin généraliste est le premier interlocuteur sollicité par le patient. Par voie de conséquence, la pérennité et la promotion de cette spécialité sont une nécessité.
Pour ce faire il faut jouer la carte de l’attractivité en menant à bien une réforme des études médicales de cette spécialité qui tienne compte du désir des étudiants et des confrères déjà installés.
Malheureusement ce sont des considérations plus politiques qui conditionnent le choix récemment effectué, et de ce fait cette décision peu opportune va être à l’origine de réactions épidermiques qui vont mettre à mal cette spécialité.
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