Tribune

« Nous devons construire un avenir où santé et environnement se renforcent mutuellement »

Publié le 20/06/2025
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Alors que la transition écologique touche tous les domaines de la santé, le comité des parties prenantes de Nextep Health appelle à ne pas sacrifier la qualité et la sécurité des soins. Ainsi, en matière de protection de l’environnement et de sécurité des patients, ils invitent à « agir pour ne jamais avoir à choisir ! ».

Crédit photo : Garo / Phanie

Les industriels et acteurs du secteur de la santé ne sont pas de simples « agents économiques » : la vie et la santé de millions de personnes dépendent de leurs innovations, de leurs pratiques et des régulations publiques garantissant la sécurité et la soutenabilité du système de santé.

Leur responsabilité sociétale est majeure : ils doivent concilier la croissance des besoins de santé et la qualité des soins avec la nécessité de protéger notre environnement.

L’environnement : une cause qui doit rassembler les acteurs de la santé

Si la préoccupation environnementale en santé n’est pas nouvelle, la transformation culturelle est en cours. L'état des connaissances nous impose d’agir collectivement pour responsabiliser ceux qui détiennent les leviers de changement.

Le secteur de la santé est responsable d’environ 8 % de notre empreinte carbone, soit près de 50 millions de tonnes de CO2 annuelles, en grande partie issues de la fabrication des médicaments. Les hôpitaux produisent 700 000 tonnes de déchets par an et consomment 700 à 1 200 litres d’eau quotidiennement par patient. Ces impacts entraînent des conséquences directes sur la santé, aggravées par la présence de substances chimiques persistantes (PFAS) aux effets toxiques potentiels.

Des engagements concrets du secteur de la santé

En 2021, Les entreprises du médicament (le Leem ) a défini une feuille de route RSE "PACTES", dont un chapitre porte sur l’environnement. Ce document, en cours de mise à jour, vise à mieux intégrer les transitions industrielles et environnementales nécessaires.

Dans le cadre du « Green Deal » européen et de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les exigences en matière de transparence Environnement, Social et Gouvernance (ESG) se renforcent. Le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem) incite ses adhérents à réaliser leur bilan carbone et à favoriser l’élimination responsable des déchets.

L'AP-HP s’est engagée dans une trajectoire de réduction des émissions de CO2 et dans une meilleure gestion de ses déchets, tout en garantissant une alimentation responsable aux patients et professionnels.

Intensifier les efforts sans compromettre la qualité des soins

Les efforts des industriels et des établissements de santé sont essentiels mais ne doivent jamais nuire à la sécurité ou à la qualité des soins. Franchir cette limite risquerait de freiner le progrès médical et de susciter un rejet des acteurs du système de santé.

Les efforts des industriels et des établissements de santé sont essentiels mais ne doivent jamais nuire à la sécurité ou à la qualité des soins

Le comité des parties prenantes de Nextep Health, cabinet de conseil spécialisé en santé, souligne le risque d’un antagonisme entre politique environnementale et impératifs sanitaires. Le Législateur, l'administration et les juges doivent arbitrer ces enjeux complexes en conciliant proportionnalité et intérêts vitaux.

Dans un contexte visant à améliorer les interactions entre environnement et santé, les membres du comité Nextep Health appellent à garantir le primat de la qualité et de la sécurité des soins. Il est pour eux impératif que les patients bénéficient des traitements les plus adaptés, sans restriction qui serait directement liée à un bilan carbone. L’écologie, si elle est pensée de manière responsable, peut être un levier d’innovation sans compromettre ni l’équité ni la qualité des soins.

Éviter toute instrumentalisation de la sobriété

La transition écologique du secteur de la santé doit se faire avec rigueur et transparence. Les experts Nextep Health proposent d’évaluer systématiquement l’impact des stratégies de décarbonation, de déplastification et de réduction des consommations d’eau et d’énergie sur la santé des patients en amont de leur mise en œuvre. Cette approche prévient les risques de « greenwashing » qui pourraient pénaliser les patients.

Toute démarche écologique en santé doit être mesurée et arbitrée en responsabilité : protéger notre planète sans jamais compromettre la santé des patients.

Vers une conciliation des enjeux écologiques et sanitaires

L'engagement pour la planète est une priorité. Nous croyons que les secteurs industriels et hospitaliers peuvent devenir des moteurs d’innovation environnementale tout en respectant les valeurs fondamentales de la santé : qualité, équité et sécurité.

Alors que se dessinent les grandes orientations économiques et environnementales, nous appelons décideurs, industriels et professionnels de santé à concilier ces impératifs. Nous devons construire un avenir où santé et environnement se renforcent mutuellement, sans jamais se sacrifier l’un pour l’autre.

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* Signataires du comité des parties prenantes de Nextep Health : André Tanti, ancien vice-président du CEPS pour les DM, Françoise Grossetête, ancienne députée au Parlement européen, Jean-Louis Touraine, professeur de médecine et ancien député du Rhône, Magali Leo, responsable de MoiPatient, Olivier Rozaire, pharmacien d’officine et président de l’URPS pharmaciens Auvergne Rhône-Alpes et le Pr Pascal Pujol, président-fondateur de la Société française de médecine prédictive et personnalisée.Guillaume Bouchara, CEO Managing Director de Nextep Health est également co-signataire de cette tribune.

Source : Le Quotidien du Médecin