Il y a trois ans, un des enjeux des professionnels de la santé était encore de savoir si et comment il fallait utiliser la téléconsultation. Depuis, les choses ont bien changé. Récemment, une IA a été évaluée comme plus empathique qu’un médecin dans ses réponses aux patients (1). Les IA sont même devenues les premiers radiologues dans la recherche de fractures des os longs et certains patients peuvent se voir prescrire des séances de télérééducation adaptées qu’ils suivront depuis leur salon. Les usages assistés par l’IA augmentent de jour en jour : recherche sur l’ADN, conformation 3D de protéines, diagnostic de pathologies rares…
L’éthique au cœur de cette transformation
Une évolution de l’IA qui nous pousse à adapter constamment notre législation (marquage CE, IA Act, RGPD…), à réfléchir aux conséquences éthiques et à comprendre toujours plus vite les algorithmes sous-jacents complexes. L’objectif étant de ne pas se laisser distancer par ces outils (effet boîte noire, perte en compétences sur les sujets délégués) ou par ces usages (fracture numérique, création de nouvelles inégalités). En conséquence, la transformation de la santé avec l’IA est devenue une telle course que l’on oublie de se poser la question du modèle de santé vers lequel on souhaite aller.
On oublie de se poser la question du modèle de santé vers lequel on souhaite aller
Julien Schemoul
L’IA au service d’une santé augmentée
Induits en erreur par des termes comme “réseaux de neurones” ou “intelligence” artificielle, nous avons tendance à imaginer l’IA comme palliative, voire substitutive à l’intelligence humaine. Or, ses compétences sont différentes et parfois même inférieures à celles de l’homme (contextualisation, conscience, apprentissage sur des petits échantillons…). Sachant cela, au lieu de se poser la question : « Pour quelles tâches, l’IA est-elle la plus performante pour remplacer l’Homme ? », il faut plutôt se demander : « Dotés de nouveaux outils surpuissants, comment souhaite-t-on faire évoluer la santé pour la rendre plus performante, plus juste, plus accessible ? »
Une opportunité de créer une synergie entre l’IA, le médecin et le patient
Au travers de cette nouvelle réflexion, il serait possible de redonner le pouvoir à la relation médecin-patient en lui permettant notamment de s’enrichir des innovations en cours et à venir. Nous pourrions imaginer une IA intervenant en amont des consultations, pour orienter vers les examens, recommander des praticiens, accéder à l’historique du patient, permettant ainsi au médecin d’intervenir au meilleur moment. Des données de population générale seraient analysées en continu pour une médecine plus prédictive. L'IA offrirait un nouveau cadre dans lequel les patients recevraient des informations personnalisées et ciblées sur leur état de santé. Ils seraient ainsi plus confiants et plus impliqués. Pour les médecins, l'IA fournirait des outils d'aide à la décision, enrichissant leur compréhension des pathologies et des options thérapeutiques. Cette synergie entre l'IA, le médecin et le patient créerait un environnement de soin plus intégré, transparent et efficace.
Au-delà d’une avancée technologique, l'IA en médecine constitue une nouvelle ère de précision, d'efficacité et d'humanisation des soins. Si les défis éthiques et de confidentialité sont abordés avec prudence et dans le respect de la réglementation, la médecine avec l'IA offre une opportunité unique de combiner innovation technologique et sensibilité humaine pour améliorer la qualité des soins et de la prise en charge des patients.
(1) Étude menée par des chercheurs de l’université de San Diego en Californie (États-Unis) publiés dans le journal spécialisé JAMA Network (IA utilisée : ChatGPT)
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