L’intégrité en recherche est d’autant plus importante que les fraudes et méconduites ont des conséquences graves. Les méconduites sont rarement découvertes pendant la recherche, mais plutôt quand les résultats sont diffusés. Les revues scientifiques peuvent et doivent alerter, investiguer voire corriger… Mais les jeux des acteurs compliquent tout cela. Les acteurs des revues (auteurs, rédacteurs en chef, relecteurs et éditeurs) et des institutions (chercheurs et responsables hiérarchiques des universités, établissements de santé, organismes de recherche) devraient être certains que les données sont exactes et intègres. Les revues communiquent en priorité avec les auteurs, mais ceux-ci peuvent cacher des vérités tant leur désir est d’être innovants pour publier.
Il faut dissocier la mise en évidence des méconduites faites par les revues et institutions et l’identification des responsables et coupables par les institutions. Les revues peuvent corriger (erratum, mises en garde, rétractations). Les institutions peuvent sanctionner.
Au temps de la science ouverte, comment accepter que trop d’investigations restent opaques ?
La mise en évidence des méconduites : les revues en première ligne
Les rédacteurs et relecteurs partent du principe que les auteurs sont de bonne foi lorsqu’ils relisent des manuscrits. Le processus d’évaluation par les pairs (peer-review) ne permet pas toujours de détecter les méconduites, sauf le plagiat avec les logiciels anti-similitudes. Les allégations de méconduites sont faites soit par le biais de commentaires de collègues informés, soit par des messages de détectives qui analysent les publications (parfois automatiquement). Les commentaires sont publics et diffusés sur des blogs, voire des sites comme Pubpeer et les rédacteurs en chef des revues sont rapidement informés. Certains ignorent les commentaires afin de protéger leurs collègues et l’image de la revue. D’autres, et c’est plus rare, informent rapidement les lecteurs et les institutions. Des groupes chargés de l’intégrité de la recherche, au sein des grands éditeurs, prennent alors en charge les investigations et la communication, les rédacteurs en chef n’ayant ni la disponibilité ni les compétences pour gérer ces dossiers difficiles.
Les investigations des méconduites : les institutions en première ligne
Face à des soupçons, les institutions doivent enquêter en suivant des procédures. Des guides et recommandations existent, mais la mise en œuvre des bonnes pratiques reste insuffisante au sein des institutions. Qui doit enquêter : le référent intégrité scientifique ? Le vice-président recherche doit-il intervenir ? Le président de l’institution doit-il prendre les décisions ? L’image de l’institution doit-elle être protégée ? Faut-il protéger les chercheurs aux dépens des étudiants, des doctorants ? Les conclusions doivent-elles être publiques ? Quelle communication doit-on avoir avec les rédacteurs en chef et les éditeurs ? Faut-il répondre aux revues car ce qui se fait dans l’institution ne les regarde peut-être pas ?
Des recommandations de bon sens mais une culture du secret
La communication entre revues et institutions n’est pas transparente, alors qu’elles devraient être partenaires lors des investigations. Au temps de la science ouverte, comment accepter que trop d’investigations restent opaques ? Les recommandations CLUE (pour Cooperation & Liaison between Universities & Editors) sont peu connues.
Les revues doivent signaler rapidement les cas suspects aux institutions et communiquer avec les référents intégrité scientifique. Leur premier contact est l’auteur correspondant de l’article qui est alors responsable. Elles doivent fournir aux auteurs (avec copie aux institutions) les allégations spécifiques de méconduites reçues et les résultats de leurs évaluations. Les revues doivent se concentrer sur l’exactitude et la validité des données et non sur la culpabilité et l’intention d’un individu. Les institutions fournissent aux revues des informations qui doivent se limiter à la fiabilité des données (anonymisées), sans divulguer le rôle ou l’identité des chercheurs impliqués. Elles doivent fournir suffisamment d’informations aux revues pour permettre la correction des données.
Cependant, l’insuffisance de corrections par les revues, et le manque de sanctions par les institutions, permet aux chercheurs de continuer à publier… Comment alors redonner confiance en la science ?
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