Le PLFSS 2024 a été voté en utilisant le 49/3 car l’Assemblée nationale était trop divisée pour trouver un accord, tant les idées sur la santé sont contradictoires. Voyons si certaines propositions des partis politiques pouvaient améliorer le système. Pour cela il aurait fallu qu’ils sortent de leurs positions trop dogmatiques qui ont amené le système au bord du gouffre.
Les déserts médicaux, mère de toutes batailles
Les propositions intéressantes sont insuffisantes telles les passerelles pour les paramédicaux et faciliter le retour des étudiants partis à l'étranger. C’est un bon signal. Trois générations d’étudiants en médecine ont été sacrifiées avec la mauvaise réforme du Numerus apertus et des oraux ubuesques. « Même si nous ouvrons des postes à l’hôpital et que nous payons mieux les libéraux, nous n’avons pas suffisamment de personnel », constate le Pr Juvin qui propose de « doubler » le nombre d'étudiants en médecine. C’est trop tard car ce n’aurait des effets que dans 10 ans. Seule une réforme du 3e cycle et de l’Internat aurait des effets à court terme.
Alors que 20 000 praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue) passent un examen de vérification des compétences, seules 2 700 places – toutes spécialités – sont ouvertes. C’est trop peu.
Sur la fin de vie
Elle est programmée pour rendre effectifs les soins palliatifs sur tout le territoire alors que se profilent les arbitrages de l'exécutif autour du projet de loi sur la fin de vie. « Un texte sur la fin de vie ne peut pas se résumer au fait d’organiser le suicide assisté », souligne Yannick Neuder. C’est un problème d’une grande complexité et légiférer sur un tel sujet n’est pas sans risques.
L'AME
Votée par le Sénat dominé par l'opposition de droite, la suppression de l’aide médicale d’État (AME) remplacée par une aide médicale d’urgence (AMU), dans le cadre du projet de loi immigration. Cela a permis à LR d'adresser un signal de fermeté à son électorat. Il y a en effet trop d’abus telles certaines interventions esthétiques ou des voyageurs faisant l’aller-retour pour une intervention jamais payée à l’hôpital.
D’autres pistes évoquées
Le 16 janvier dans sa conférence de presse le président de la République a posé un bon diagnostic sur la situation et le mal qui mine les soins mais n’a donné aucune orientation nouvelle sauf peut-être la capitation pour les médecins généralistes. Sur-administration, déserts médicaux, délégations, franchises, paiement à l’acte ou capitation, rôle des médecins étrangers… Tous ces sujets ont été effleurés mais il est resté dans le déclaratif sans proposer de vraies solutions.
Alors qu’attendre de la nouvelle équipe ?
Gabriel Attal, ancien conseiller de Marisol Touraine pendant cinq ans et acteur du Ségur, a été nommé Premier ministre. Ce poste ne rassure pas les 110 000 médecins libéraux qui conservent un souvenir cuisant de la loi santé et de celles qui ont suivi avec le tiers payant obligatoire, les forfaits structures et la menace du paiement par capitation. A-t-il compris la gravité de la situation ? A-t-il une nouvelle vision pour y faire face ? Croit-il au rôle de l’IA et des cabines diagnostics pour faciliter la prise en charge des malades ?
Catherine Vautrin, ministre de la Santé, du Travail et des Solidarités a été nommée le 11 janvier. L’heureuse élue, aura-t-elle la volonté et les pouvoirs pour reconstruire tout l’édifice depuis ses fondations ? Je ne le pense pas car la présidence pense que tout est « en marche » avec ses lois.
Le Président pense-t-il que la loi Ma santé 2022 et le Ségur ont tout réglé ? Son souhait de payer les médecins « au patient plutôt qu’à l’acte », c’est-à-dire par capitation, en fonction du nombre de patients pris en charge est il réaliste ? Ce serait la fin de la médecine libérale. Lors des négociations conventionnelles de 2024 la nouvelle ministre de la Santé lâchera-t-elle du lest ce qui ne changerait rien car le mal est trop profond ?
La suite est à écrire
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans Le Quotidien du Médecin ?
Adressez vos contributions aurelie.dureuil@gpsante.fr
Débat
Cinq ans après, le Covid est-il devenu une maladie comme les autres ?
En partenariat avec France Info
C’est ma santé : prévenir les maladies cardiovasculaires grâce à une polypilule
C’est vous qui le dites
« Je ne regrette pas mais j'aimerais être davantage respectée et soutenue ! »
Revoir la durée des études de médecine