La ministre déléguée à la Santé a expliqué que les médecins libéraux étaient moins « populaires » qu’auparavant. De telles prises de position de la part de Mme Firmin Le Bodo nous montrent qu’il lui est difficile d’être consensuelle. Pire, à une période de négociation conventionnelle avec les généralistes, avoir une telle attitude ne va conduire dans les mois qui vont suivre qu’à mettre de l’huile sur le feu.
Une vision très négative de la médecine libérale. L’image du médecin traitant, il est certain, est quelque peu écornée tout comme celle de professions (enseignants, pompiers, forces de l’ordre) qui nécessitent beaucoup de respect car ils sont les dignes représentants de notre Nation.
Malheureusement les politiques n’ont jamais favorisé, et ne favorisent pas une sacralisation de toutes ces professions qui ne sont ni écoutées ni soutenues en cas de litige avec les Français. Il est regrettable qu’aucune déclaration valorisant une profession comme celle des libéraux ne soit effective. Il est bien triste de prononcer certains qualificatifs sans venir voir sur le terrain la réalité des choses car en milieu rural le médecin occupe encore une place importante, et reste très apprécié par ses patients.
Tout aussi frustrante est l’attitude de certains députés de gauche qui proposent de réquisitionner les médecins libéraux en cas de saturation des services d’urgence des centres hospitaliers. Ces députés oublient que la plupart des libéraux travaillent plus de 50 heures par semaine (bien plus que les urgentistes hospitaliers), et rajouter une couche à leur activité quotidienne a de grandes chances de détourner certains généralistes de cette profession.
Ce comportement est préjudiciable pour notre système de santé, et en plus il nous démontre que certains députés ne sont pas du tout conscients des réalités de terrain ce qui est très angoissant.
L’hôpital une priorité dans les discours de l’exécutif. Quant au ministre de la Santé il surfe sur la vague de la démagogie, et tente avec une habileté similaire à celle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine de dire qu’il prévoit la fin de la saturation des services de pédiatrie en début d’été (il est vrai que l’incidence des infections respiratoires sera faible à cette période).
Pour calmer les ressentiments, et la verve des syndicalistes hospitaliers, il donne quelques cacahuètes (un million ici, et plusieurs là) qui ont pour but d’éviter une paralysie du fait d’une grève de notre système de soins.
La grande majorité des déplacements de M. Braun a pour cadre l’hôpital, préoccupation essentielle à ses yeux. Le ministre de la Santé n’a jamais eu l’occasion, ou de manière très furtive, de féliciter les actions des médecins libéraux. Il préfère largement louer les actions des urgentistes ou autres soignants travaillant au sein des hôpitaux.
Je n’ai personnellement jamais vu notre ministre de la Santé aller voir comment fonctionne le cabinet libéral d’un médecin généraliste exerçant seul dans une zone où la pénurie médicale est importante, et voir de cette manière la détresse de ces libéraux qui n’arrivent plus à assurer leur rôle de professionnel de santé.
Pour finir, les énarques oublient un point important : la base de notre système de santé est avant tout le médecin libéral. En effet, ils oublient que les libéraux sont les premiers interlocuteurs pour la très grande majorité des patients (prise en charge adaptée sur le terrain évitant toute hospitalisation intempestive). Citons donc Gracian y Morales B. : « Dissimuler est le principal moyen de gouverner ».
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