Avec plus de 5 600 greffes totales d’organes réalisées en 2023 provenant de 1 791 donneurs décédés et 577 donneurs vivants, selon l’Agence de la biomédecine (ABM), l’activité a connu une croissance timide de 2,5 % par rapport à l’année précédente, sans revenir au niveau d’avant Covid (5 900). Par ailleurs, 80 % des Français y seraient favorables, selon le baromètre 2024 de l’ABM sur la connaissance et la perception du don d’organes. Or si la loi inscrit que nous sommes tous présumés donneurs et si seulement 1 % de la population est inscrite au registre national des refus, des difficultés d’accès persistent. En témoignent les plus de 21 000 patients sur liste d’attente au 1er janvier 2024 et 800 décès l’année précédente. L’un des freins réside dans l’opposition des familles et des proches, qui reste particulièrement élevée. Alors que le plan ministériel 2017-2021 fixait l’objectif de ramener le taux d’opposition à 25 %, ce dernier a atteint 36 % en 2023, en hausse de neuf points par rapport à l’année précédente.
93 % des Français estiment « important » de faire connaître leur position sur le don d’organes
Fin 2024, un regroupement d’associations de patients, de professionnels et de sociétés savantes a présenté la Déclaration de Paris. Ils y listent 25 propositions pour faire reculer cette opposition, notamment en améliorant l’accompagnement des patients en réanimation et de leurs proches, mais aussi en communiquant sur « le droit de tout citoyen à donner ses organes après son décès ». Car, pour agir sur cette opposition, il faut d’abord en identifier les leviers. La Dr Marine Jeantet, directrice générale de l’ABM, détaille dans notre dossier (lire page 10) les multiples facteurs entrant en jeu, allant des connaissances des familles sur la position du défunt à l’organisation hospitalière en passant par la relation avec l’équipe soignante. Rappelons que si 93 % des Français estiment « important que leurs proches connaissent leur position sur le don d’organes et de tissus », moins d’un sur deux a déjà abordé le sujet.
Avec un taux d’opposition qui ne dépasse pas les 15 % et un taux de transplantation de 123 patients par million d’habitants en 2023 (87 en France), l’Espagne fait figure d’exemple. La Dr Chloë Ballesté, professeure de chirurgie à l’université de Barcelone, livre dans nos pages son analyse, insistant sur la structuration hospitalière et la formation des professionnels de santé mais aussi la confiance des familles dans le système de soins. Pourrait-on s’inspirer de nos voisins ?
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