Un « engagement dans la durée » : c’est ce qu’Emmanuel Macron était venu partager avec les acteurs de la santé dans ses vœux, le 6 janvier 2023. Après les années Covid, le Président entendait souligner que le diagnostic posé en 2018 était juste, tout en admettant que « le traitement manifestement (…) n’était pas suffisant ». Force est de constater que les 12 derniers mois n’ont pas été de tout repos pour le système de santé – dont les failles révélées par la pandémie n’ont fait que se creuser.
Épidémies de grippe et de bronchiolite, difficultés de l’été… Les urgences ont à nouveau connu de vives tensions, tandis que l’hôpital public dans son ensemble subissait une crise d’attractivité historique. Dans un contexte de pénurie médicale et paramédicale, le secteur a retenu son souffle début avril avec l’entrée en application de la loi Rist encadrant l’intérim. Et si l'hôpital a tenu, ce fut parfois « en mode dégradé », au prix de l'épuisement des équipes soignantes.
Sur le front de la médecine de ville, entre mouvements de grève, contestation tarifaire et même menaces de déconventionnement, l'impatience a souvent cédé le pas à la colère. L’échec des négociations conventionnelles en février, puis le règlement arbitral vécu comme un affront avec l'augmentation de 1,50 euro des consultations, n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu d’une profession en proie aux tensions démographiques grandissantes. Les alertes sur la sécurité et la santé des blouses blanches ont achevé de noircir le tableau.
Mais y a-t-il eu un changement de braquet en 2023 ? L’exécutif n'a pas ménagé ses efforts, souvent en urgence. À l'hôpital, il a dégainé une enveloppe d’un milliard d’euros pour des revalorisations salariales sur les sujétions et le travail de nuit. Les pourparlers avec les libéraux ont repris mi-novembre avec un cadrage simplifié et clarifié – le tarif de consultation à 26,50 euros n’étant qu’une étape. Pharmaciens, grossistes et laboratoires ont été priés de trouver des solutions aux pénuries de médicaments. S’il est resté ferme sur la 4e année d'internat de médecine générale, le gouvernement a annoncé la création de 200 postes d’enseignants supplémentaires d’ici à cinq ans. Et on ne compte plus les missions (santé des soignants, tour de France des CPTS, etc.) qui ont donné lieu à des plans ou dont les conclusions sont attendues. Et si la loi sur la fin de vie a été repoussée, des avancées ont été enregistrées en matière de santé publique, avec des mesures sur la prévention (vaccination HPV, bronchiolite).
Les chantiers initiés ou poursuivis en 2023 permettront-ils au système de santé de tenir et surtout de trouver un nouveau souffle ? Affaire à suivre…
Cachez cette femme que je ne saurais voir
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Éditorial
Cap sur la « consultation » infirmière