Nos lecteurs, qui sont gens cultivés, objecteront que Sénèque, Cicéron et, surtout, Montaigne ont beaucoup écrit sur la vieillesse. Il n’en demeure pas moins que si l’enfance est riche de promesses et l’âge adulte bien intercalé entre le passé et l’avenir, la vieillesse semble se réduire au progressif déficit de nos organes et à la « retraite », mot effrayant évoquant un statut social de mise à l’écart.
« La vieillesse n’est pas une maladie », rassure d’emblée François Galichet, soucieux de penser un état comme un certain type de rapport au monde, d’autant que le concept même de santé, trop souvent statistiquement établi, est discutable et que l’auteur le pense en vrai philosophe. On saura gré à ce texte d’évoquer Georges Canguilhem, qui, dans « le Normal et le Pathologique », définit la santé comme le fait d’établir ses propres normes – normatif plus que normal. D’où ce paradoxe : « Être en bonne santé, c’est pouvoir tomber malade et s’en relever, c’est un luxe biologique. » L’athlète qui saute plus haut, le yogi qui peut retenir longtemps son souffle inventent une nouvelle norme, loin de la morne moyenne statistique. Précisément, être malade, c’est être réduit à n’avoir qu’une seule norme. Partant, vieillir, c’est peu à peu se réduire à une norme appauvrissante, à une vie rétrécie. « Du lit à la fenêtre, et du lit au fauteuil, et puis du lit au lit », chantait Jacques Brel.
Ce qui est retiré
Au passage, on verra que François Galichet fourmille d’idées sur une période mal conçue, mal gérée, la retraite. Le retraité est-il totalement usé, auquel cas il jouirait d’un congé-maladie indéfini mais non illimité ? Ou il garde la capacité de travailler et « rien ne justifie qu’il bénéficie d’une pension au terme de sa vie, à un âge arbitraire ». Bref, la retraite ressemble beaucoup à une allocation d’invalidité, ce qui n’est guère valorisant.
François Galichet ressemble un peu au tonton de notre enfance. Après nous avoir expliqué que la vieillesse n’était pas vraiment une maladie, que la santé était un concept relatif, le tout ponctué d’une affectueuse bourrade, il nous confie tout de même que « la vieillesse est par excellence l’âge du malaise, du mal-être, des maux indéfinissables et inexplicables ».
Là où tout m’était donné, la vieillesse est l’état où tout m’est progressivement retiré. Elle est, dit l’auteur, un « scandale ». Un livre très attachant, parsemé de petits quiz et de dessins qui réussissent à égayer le sujet. L’un de ces dessins met en scène le chat de Philippe Geluck qui nous dit : « Être vieux, c’est être jeune depuis plus longtemps que les autres. »
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