PAR RAPPORT à ses amis Signac, Pissarro, Luce, la singularité de Cross évolue vers la couleur et une plus grande liberté de la touche qui fait de lui un lien entre le divisionnisme de Seurat et le fauvisme de Matisse et Derain.
Cross, de son vrai nom Delacroix, est né à Douai et, après une rencontre avec le peintre Carolus Durand et des études de dessin à Lille, arrive à Paris en 1878. Il réalise ses premiers portraits dans une palette sombre, jusqu’à ses premiers voyages dans le sud de la France, où il peint des paysages. Sa rencontre en 1884 avec Seurat (« La Seine à la Grande Jatte », 1885) et Signac (« Portrieux », 1888) au premier Salon des indépendants est déterminante. Ils expérimentent une touche fragmentée, pointillée et l’association des couleurs par complémentaires selon les théories d’optique en vigueur. Mais ce n’est qu’en 1886 que le critique d’art Félix Fénéon baptise ce nouveau mouvement néo-impressionnisme.
Atteint de rhumatisme, Cross s’installe en 1891 à Saint-Clair, dans le Var, où il est rejoint par ses amis Signac (« Tartanes pavoisées à Saint-Tropez », 1893) et Van Rysselberghe. Il développe alors sa profonde originalité (« Bords méditerranéens », 1895, « Mer clapotante », 1903), s’éloignant de la réalité pour reconstruire avec une touche large et des couleurs éclatantes des lignes plus décoratives. Au cours de son séjour à Venise en 1903, il s’adonne au dessin et à l’aquarelle avec une grande spontanéité (« Venise, La Salute ») et poursuit ces études avec Matisse (« Collioure, rue du Soleil », été 1905) lorsque les futurs fauves Camoin, Manguin, Valtat arrivent dans le Midi en 1904. Mais il se tourne alors vers des paysages denses et florissants où il intègre la figure humaine (« le Bois », 1906-1907), toujours à la recherche d’harmonie entre l’homme et la nature.
« Henri-Edmond Cross et le néo-impressionnisme - De Seurat à Matisse », Musée Marmottan Monet (www.marmottan.com), jusqu’au 19 février. Du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, nocturne le jeudi jusqu’à 20 heures.
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