« Cherchez Hortense » : la crise
Un homme en crise. Banal. Professeur de civilisation chinoise, ce qui l’est un peu moins. En couple – en crise, bien sûr – avec une femme de théâtre qui monte une pièce de Tchekhov. Pascal Bonitzer, scénariste de Rivette, Ruiz, Téchiné, auteur de 5 films, ne quitte pas le milieu bourgeois intellectuel qu’il connaît bien et a mis en scène dans des comédies acidulées et désabusées (« Encore », « Rien sur Robert », « Je pense à vous »...).
Damien, joué par Jean-Pierre Bacri, est sommé d’intervenir auprès de son père, grande figure du Conseil d’État, en faveur d’une femme d’origine serbo-macédonienne que son récent divorce a jeté dans la cohorte des sans-papiers. Incarnée avec fraîcheur par Isabelle Carré, elle est blonde, parle sans aucun accent et raffole de la tête de veau mais n’en est pas moins désespérée. Mais Damien, outre ses difficultés conjugales, a un gros problème de communication avec son père, lequel s’intéresse peu à lui.
Ce résumé ne dit en rien la légèreté parfois aux limites du burlesque des scènes qui se succèdent, la gravité, outre quelques ressorts scénaristiques, étant tout entière dans l’allure et le visage de chien battu de Bacri. Alors, tant pis si on reste un peu sur sa faim, toutes les séquences n’étant pas à la hauteur de celles qui opposent le héros et son père (Claude Rich se régale et nous régale) et les fils de l’intrigue n’étant pas totalement resserrés.
« Superstar » : manipulations
Xavier Giannoli, le cinéaste de l’excellent « À l’origine », attiré par les thèmes du « malentendu, de l’imposture ou de l’illusion », avait été séduit par le livre de Serge Joncour « l’Idole ». Il en a repris l’idée centrale, celle d’un homme qui devient célèbre du jour au lendemain, sans savoir pourquoi, en imaginant une autre histoire et en pensant aussi, on n’est jamais trop ambitieux, à Hitchcock ou à Kafka. Le modeste Martin (Kad Merad) se retrouve donc un beau jour, sans raison, harcelé par des centaines d’inconnus et manipulé par les médias.
La satire de la télé, qui prétend informer quand elle ne fait que jeter des individus en pâture à un public dont les goûts sont fabriqués, est le meilleur du film, même si elle n’est pas totalement originale. Et le personnage le plus attachant est celui joué par Cécile de France, intermédiaire le plus souvent consciente de la brutalité de sa tâche. Pour le reste, le propos reste un peu abstrait et plus explicatif que cinématographique. La démonstration en perd un peu de son efficacité et le film de sa saveur.
« Des hommes sans loi » : classique
Avec ce film de gangsters/western signé John Hillcoat (« la Route »), on revient aux fondamentaux pour les cinéphiles biberonnés aux classiques de l’âge d’or américain. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le cinéaste australien, qui tourne maintenant aux États-Unis, évoque plusieurs fois John Ford.
À l’origine du scénario signé Nick Cave, un livre de Mike Bondurant qui raconte, en mêlant souvenirs familiaux et fiction, l’histoire de trois frères, dont son grand-père, pendant la Prohibition, dans une région reculée de Virginie. Les frères Bondurant, comme beaucoup d’autres, distillent de l’alcool et en font un petit commerce qui ne trouble personne. Jusqu’à ce qu’arrive un terrifiant agent fédéral et que s’en mêle un gangster de Chicago.
Fusillades, poursuites, échappées romantiques, on ne s’ennuie pas en compagnie des trois Bondurant, attachants, malgré la violence à laquelle ils n’hésitent pas à recourir. Une violence très cinématographique, pimentée de pointes d’humour.
Trois excellents acteurs, Shia LaBeouf, Tom Hardy et Jason Clarke, assistés de Guy Pearce, Jessica Chastain, Mia Wasikowska se coulent dans un récit maîtrisé et mis en scène avec ampleur par Hillcoat. (Interdit aux moins de 12 ans)
« Killer Joe » : les ambiguïtés du mal
William Friedkin ne laisse pas indifférent. À 77 ans, le cinéaste de « French Connection », « l’Exorciste », « la Chasse », « Bug », livre une nouvelle image de la violence américaine qui fait hésiter le spectateur, entre la répulsion et une certaine fascination. Pour le réalisateur, qui adapte une pièce du dramaturge Tracy Letts, récompensé par le prix Pulitzer, « la frontière entre le bien et le mal est ténue et nous portons tous en nous le germe du mal ». Lorsque commence « Killer Joe », le mal est déjà bien avancé. Chris, jeune dealer menacé de mort pour n’avoir pas payé ses fournisseurs, vient proposer à son père de tuer sa mère, ex-femme de ce dernier, pour toucher l’assurance-vie, en faisant appel à un flic qui arrondit ses fins de mois en se faisant tueur à gages. Comme les deux hommes ne peuvent pas payer d’avance, ils acceptent de donner en « caution » leur fille et sœur, une jeune fille qui vit dans son monde. Et on aurait garde d’oublier, dans ce que Friedkin qualifie de « version un peu tordue de l’histoire de Cendrillon », la méchante belle-mère.
Décors glauques et oppressants, lumières nocturnes et ciels sombres accentuent l’impression d’étouffement. Ne reculant devant aucun excès, le cinéaste signe au moins une scène insupportable – à moins qu’elle ne frise le ridicule. Mais ses personnages à la Tennessee Williams se révèlent suffisamment ambigus pour qu’on s’intéresse à leur sort. Matthew McConaughey trouve là l’un de ses meilleurs rôles, face à la troublée et troublante Juno Temple. Emile Hirsch (« Into the Wild »), Thomas Haden Church et Gina Gershon se livrent également sans pudeur devant la caméra. (Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement)
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