Art
En 1947, à l’occasion de l’exposition de Van Gogh au musée de l’Orangerie, le galeriste Pierre Loeb demande à Artaud un texte sur le peintre. Qui peut mieux comprendre sa peinture tourmentée que le poète qui retranscrit dans ses dessins de « formidables ébullitions internes » ? Dans ce texte, « Van Gogh, le suicidé de la société », Artaud met en relation la thèse aliéniste du psychiatre F-J Beer, « Du démon de Van Gogh », la correspondance du peintre et de son frère Théo et les tableaux. Pour lui, « Van Gogh est mort suicidé, parce que c’est le concert de la conscience entière qui n’a plus pu le supporter ». Dans les autoportraits, il voit « une irréfragable psychologie ». Le Dr Paul Gachet est l’envoûteur, responsable du suicide en poussant Van Gogh, par jalousie, à peindre jusqu’à épuisement.
Artaud voit le drame éclairé dans l’ombre violette du « Fauteuil de Gauguin » avant que Van Gogh ne se tranche l’oreille. Ce convulsionnaire tranquille peint « des choses inertes de la nature comme en pleine convulsion ». Les fleurs du papier peint tourbillonnent autour de la figure de maternité sereine d’Augustine Roulin. Les œuvres de Van Gogh donnent à Artaud l’impression « d’être vues de l’autre côté de la tombe », car c’est « l’âme qui vit et meurt dans ses paysages convulsionnaires et dans ses fleurs ». Il passionne la nature et les objets avec « la couleur roturière (...) si amoureusement juste qu’il n’y a pas de pierres précieuses qui puissent atteindre à sa rareté ».
L’orageuse lumière annonce le drame qu’Artaud voit dans « le Champ de blé aux corbeaux », dernier tableau du peintre. Vincent écrit à son frère, six jours avant son suicide : « Ce sont d’immenses étendues de blés sous des ciels troublés et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême. »
Musée d’Orsay (tél. 01.40.49.48.14, www.musee-orsay.fr), tous les jours, sauf le lundi, de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Jusqu’au 6 juillet. Le jeudi, de 19 heures à 20 h 30, lecture de « Van Gogh, le suicidé de la société », d’Artaud (Gallimard, 1974).
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