LES ROMANTIQUES sont les premiers à aborder cette veine spiritualiste. Ils prennent leurs sources dans la littérature shakespearienne ou du Moyen Âge ou dans les légendes celtiques. Goethe veut percer les mystères de la matière vivante et Faust, son héros à la recherche de la destinée humaine, vend son âme au diable, ce qui inspirera Delacroix et Carus. Les paysages de Friedrich et Böcklin sont des mondes intériorisés, supports de méditation. Victor Hugo, en exil à Guernesey, retranscrit en texte et images les messages des esprits au cours des séances de table tournante. Le spiritisme, théorisé par Alain Kardec dans « le Livre des esprits » (1857), et la création de la Société théosophique, à New York en 1875, trouvent un grand retentissement dans toute l’Europe de la fin du siècle.
Les symbolistes et les nabis tournent leur regard vers un ailleurs, refusant de voir les mutations des sociétés industrielle. Ranson, Gustave Moreau, Rodin, en France, et le merveilleux lituanien Ciurlionis se passionnent pour l’occulte. L’avant-garde au XXe siècle théorise l’éternel recommencement de la vie et de la nature en composition abstraite de lignes et de couleurs, avec Malevitch, Kandinsky, Kupka et Klee (très bel ensemble de dessins). Les surréalistes, Max Ernst, Dali, Victor Brauner sont fascinés par l’irrationnel et l’obscur. « Il y a quelque chose qui vient de tellement plus loin que l’homme et qui va tellement plus loin aussi », disait André Breton.
Il n’y a pas que les artistes qui sont intéressés par ces phénomènes, le monde scientifique, fort des grandes découvertes des rayons X, de la radioactivité, de la TSF, veut en percer les mystères de manière scientifique, met au point de nouveaux instruments et théorise. Ainsi Charles Richet invente en 1905 une nouvelle science, la métapsychique, ce qui ne l’empêchera pas d’avoir le prix Nobel de physiologie en 1913. Les horreurs de la guerre propices au spiritisme n’empêcheront pas la communauté scientifique de prendre de la distance avec ces phénomènes et de développer une vraie recherche fondamentale.
« L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte, 1750-1950 », musée d’Art moderne et contemporain (tél. 03.88.23.31.31, www.musees.strasbourg.eu), samedi et dimanche de 10 à 18 heures, les mardi, mercredi et vendredi de 11 à 19 heures, le jeudi de 11 à 21 heures. Jusqu’au 12 février.
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