TOUT COMMENCE en 1980 à la Biennale de Venise avec « Modèle pour une sculpture », « préfiguration d’une nouvelle sorte d’image ». Cette figure massive plus grande que nature, extraite d’un tronc d’arbre, en position semi-assise, rehaussée de traînées rouges et noires, lève le bras droit. Taillée à la hache avec un refus manifeste d’élégance et d’harmonie, elle annonce les sculptures à venir. Monumentalité, asymétrie, traitement brut du bois, tailladé et agressif, lien fort avec la nature de par le choix de l’arbre, polychromie et gestuelle à la signification incertaine, inspirée, selon les séries, de cultures primitives, de la tradition picturale occidentale ou de souvenirs personnels.
Aux « Figures debout » et « Têtes » de sexe indéterminé des années 1982-1984 liées à l’expressionnisme allemand, succèdent des recherches sur le volume et la matière, où le sujet s’efface en rapport avec sa peinture en grille. Les 13 têtes jaunes monumentales des « Femmes de Dresde » des années 1989-1990 évoquent le bombardement de la ville en 1945. Avec leur long cou disproportionné et le visage sculpté en creux, elles sont associées à 7 visages renversés de femmes de douleur peintes sur fond blanc avec la légèreté de sa marque, un pointillisme d’encre noire translucide. À partir des années 1990, les grandes figures féminines s’habillent de patchworks inspirés de l’art populaire de son enfance. Après les autoportraits ironiques du début des années 2000, il ajoute, avec un crâne ou un repas funéraire, une réflexion métaphysique puis associe de manière déconcertante la douleur et l’insolite.
Peintre figuratif, Baselitz a créé de nouvelles conditions de perception, en particulier avec ses tableaux à motifs renversées. Avec la sculpture, il poursuit et dépasse son travail pictural. « La sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée, comme l’est parfois la peinture. » Elle est impressionnante dans les salles du musée.
« Baselitz sculpteur », Musée d’art moderne de la vile de Paris (tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr), du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 29 janvier.
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