Cinéma
Avec Olivier Assayas et Juliette Binoche, on est en territoire connu. L’avantage de « Sils Maria », réflexion sur les rapports de la vie et de la création et sur le temps qui passe (ce n’est pas original, et alors ?), c’est de nous emmener sur les hauteurs, en Engadine, respiration bienvenue sur de tels thèmes. Juliette Binoche assume son âge avec courage et une rare élégance, face aux jeunesses d’Hollywood, Kristen Stewart, qui est très bien, et Chloë Grace Moretz. La confrontation mérite qu’on s’y intéresse, en passant sur quelques lourdeurs (sortie le 20 août).
« Leviathan », du Russe Andreï Zviaguintsev (dont Cannes avait aimé « le Bannissement » et Venise « le Retour ») a des références haut placées, rien moins que « le Livre de Job » et le « Leviathan » de Thomas Hobbes ! En images, cela donne, dans les beautés rudes des bords de la mer de Barents, la tragédie d’un homme qui sera détruit par un système corrompu. La fin s’étire inutilement mais le récit est prenant, la mise en scène ample et les acteurs jouent avec autant d’ardeur que leurs personnages boivent. Comment résister à ce lyrisme russe (sortie le 24 septembre) ?
Bonnes intentions
Peut-on reprocher à un film ses bonnes intentions ? Avec l’ambitieux « The Search », succédant à « The Artist », Michel Hazanavicius a voulu évoquer la guerre de Tchétchénie. Inspiré notamment par le film de Fred Zinneman « les Anges marqués », il filme d’un côté un petit garçon errant seul au milieu des réfugiés et sa rencontre avec une jeune femme chargée d’un rapport pour l’Union européenne et, de l’autre, un Russe de 20 ans enrôlé de force dans l’armée, qui va réussir à le déshumaniser. Certes, la démonstration est quelquefois bavarde, quand il s’agit de parler de l’impuissance de l’Europe ou d’interroger les motivations humanitaires, mais l’ensemble est fort et touchant, porté par Bérénice Bejo, Annette Bening et les interprètes tchétchènes et russes (sortie le 26 novembre).
Avec Ken Loach, il y a longtemps qu’on sait à quoi s’en tenir. Il fait un cinéma militant mais qui parle à tous, comme en témoigne une nouvelle fois avec bonheur « Jimmy’s Hall ». Le scénario de Paul Laverty s’inspire de la vie de Jimmy Grafton, un Irlandais défenseur des fermiers contre les riches propriétaires soutenus par l’Église et l’État. Le cœur du film, qui se déroule dans les années 1930, est le lieu ouvert par Jimmy, où l’on peut se réunir et surtout danser. Musiques irlandaises et jazz baignent cette belle histoire réconfortante, même si Jimmy fut expulsé de son pays. À voir à partir du 2 juillet.
La prime à la jeunesse ?
L’« Adieu au langage » de Jean-Luc Godard était très attendu et sort en même temps dans quelques salles. Peut-on juger un mythe ? Ce mélange de citations, d’aphorismes et de jeux de mots sur des images à la 3D impressionnante est sans doute une forme de cinéma très aboutie mais est très frustrante pour ceux qui veulent comprendre ou qui, tout bêtement, aiment qu’on leur raconte une histoire.
Très attendu aussi, le benjamin de la compétition, le Québécois Xavier Dolan. Avec « Mommy », le cinéaste de 25 ans met en scène le duo très sonore et agité d’une mère extravertie et de son fils adolescent hyperactif jusqu’à la dangerosité. Nombreux ont été les festivaliers enthousiastes devant ce film débordant de bruit, de fureur, d’amour et d’idées cinématographiques, comme l’utilisation du format 1:1 carré. On aimera beaucoup ou pas du tout (date de sortie non encore fixée).
La Japonaise Naomi Kawase divise également la critique. Ceux qui aiment estiment que « Still the Water » est son meilleur film. Il met en scène sur l’île d’Amami, dont les habitants vénèrent la nature comme un dieu, deux adolescents aux prises avec la souffrance en même temps qu’ils découvrent l’amour. La cinéaste filme elle-même l’océan et les arbres comme des êtres vivants. C’est très beau, mais il faut adhérer un peu à cette forme de mysticisme (sortie le 17 septembre).
Le jury de Jane Campion aura fait ses choix. Le dernier mot reste aux spectateurs, en espérant que chaque film ait sa chance en salle.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série