Complots, meurtres, empoisonnements, enlèvements, retrouvailles, le tout à la limite de la crédibilité, « Simon Boccanegra », composé en 1857 pour Venise et revu quinze ans plus tard pour Milan, est un curieux mélange de mélo et d’opéra politique. Verdi, qui trouvait que « la table boitait », confia la révision du livret de Piave à Boito, qui allait lui donner ceux de ses deux derniers chefs-d’œuvre, « Otello » et « Falstaff ». Hélas, « la table boitait toujours », mais le compositeur avoua « avoir aimé cet opéra comme un père qui aime un fils bossu ».
S’il figure musicalement dans la short list des chefs-d’œuvre de Verdi, « Simon Boccanegra » ne fut créé que très tardivement à l’Opéra de Paris : en 1978, dans une inoubliable production de Georgio Strehler et Claudio Abbado importée de la Scala de Milan. Le dernière version, de 2006, signée Johan Simon, qui en avait fait un manifeste politique moyennement convaincant, avait permis d’entendre une des dernières prestations du regretté baryton sibérien Dmitry Hvorostovsky.
Pour cette nouvelle production, le metteur en scène catalan Calixto Bieito a privilégié la clarté dramatique et psychologique. Plus d’ambiance maritime ligurienne, Bieito s’est clairement rapproché du drame espagnol d'Antonio Garcia Gutiérrez qui avait inspiré Verdi. On peut déplorer l’absence de la mer qui baigne toute la partition et l’âme des personnages : tout se passe dans la quasi-obscurité des cales et cursives d’un vieux navire de guerre ; avec les sempiternels costumes de ville contemporains qui dépoétisent les opéras. Mais la direction d’acteurs rend limpide cette intrigue compliquée et les personnages sont hurlants de vérité.
La distribution est magnifique, avec dans le rôle-titre un Ludovic Tézier au sommet de ses moyens vocaux et qui a fait des progrès stupéfiants en crédibilité scénique, on l’avait remarqué l’an dernier dans « Don Carlos ». Les deux autres voix basses, Mika Kares et Nicola Alaimo, sont magnifiques de ligne et de moyens. Le ténor sarde Francesco Demuro a la voix idéale pour le rôle de Gabriele Adorno, ample, claire, solaire même, et un style parfait. Maria Agresta (qui alterne avec Anita Hartig), dans le rôle d’Amelia, est aussi le soprano dramatique rêvé pour incarner cette héroïne au destin tourmenté. Sous la direction experte de Fabio Luisi, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Paris ont donné ce qu’ils ont de meilleur : légèreté, dramatisme et perfection instrumentale. À voir absolument !
Opéra de Paris-Bastille, jusqu’au 13 décembre. Tél. 089.289.90.90, www.operadeparis.fr
En direct le 13 décembre à 19 h 30 sur Culturebox et dans certains cinémas.
Sur France Musique le 30 décembre à 20 heures.
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