ARTS - Edward Hopper au Grand Palais

Un maître de la dramaturgie picturale

Publié le 25/10/2012
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Crédit photo : WICHITA ART MUSEUM

NÉ SUR LA CÔTE EST, Edward Hopper étudie à la New York School of Art dans l’atelier de Robert Henri, qui l’initie au réalisme moderne de Manet. Francophile, solitaire, il séjourne à trois reprises à Paris, entre 1906 et 1910, et y est très influencé par les post-impressionnistes, Degas Marquet, Sickert, Valloton. Il peint déjà une ville déserte dont la lumière dessine les contours, lumière qui est son véritable sujet. Elle sera spirituelle et salvatrice dans ses paysages et maléfique et corruptrice dans les bars et les chambres d’hôtel en ville.

De retour aux États-Unis, il adhère au groupe dissident des Huit, qui prône un réalisme social, préfigure de l’Ashcan School, l’école des poubelles des années 1930. Il devient aussi adepte du père de la philosophie américaine, Ralph Emerson, qui prône une aspiration spiritualiste à contre-courant de l’industrialisation et de la société de consommation. C’est ainsi que se comprend l’œuvre du baptiste Hopper.

Jusqu’en 1924, les tableaux parisiens qu’il présente n’ont aucun succès. Il est donc illustrateur et s’initie à la gravure, travaillant sur la simplification des formes, le contraste des lumières et la psychologie des personnages. Il y « cristallise sa peinture ». À 42 ans, quand il commence à peindre l’Amérique profonde, les maisons victoriennes de la Nouvelle-Angleterre, le succès arrive. Il ne se démentira pas au fil des 100 tableaux qu’il réalisera. Aux architectures rigoureuses opposant les édifices anciens et modernes, il ajoute les drames intimes, le renoncement à la séduction par la lecture de Platon (« Excursion into Philosophy »), sa vision politique, celle de la menace nazi en 1939 (« Cape Cod Evening », où seul un chien perçoit un danger), ou ce qui sera considéré comme un complot communiste, « Conference at Night ». C’est sur une scène de théâtre qu’il fait ses adieux avec sa femme Joe, son unique modèle, qui appelait ses tableaux « Nos bâtards ».

Alfred Barr, le directeur du MOMA (Museum of Modern Arts, New York), qui lui consacre une exposition en 1933 voit en Hopper un maître de la dramaturgie picturale, qui inspirera nombre de cinéastes, dont Hitchcock.

Grand Palais (tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr), du mercredi au samedi (et le mardi pendant les vacances scolaires) de 10 à 22 heures, le dimanche et lundi jusqu’à 20 heures. Jusqu’au 28 janvier.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9181