On ne peut passer à côté du dernier Jo Nesbo, « le Fils » (1), dont le héros n’est pas le célèbre inspecteur Harry Hole mais un jeune héroïnomane qui expie en prison les fautes de son père, un policier corrompu. Quand il apprend que ce père haï n’était pas un ripou et ne se serait pas suicidé comme on le lui a toujours dit, il s’évade pour se venger. Commence alors une course-poursuite vers la vérité dans les bas-fonds d’Oslo, entre le rouge du sang qui coule et le gris de l’âme humaine, car, pour l’auteur, personne n’est tout à fait coupable ni tout à fait innocent.
Resté longtemps en tête des best-sellers du « New York Times », « Famille parfaite » (2) est le huitième roman de Lisa Gardner, consacrée en France pour « la Maison d’à côté ». Un père au faîte de la réussite, une mère artiste et une charmante adolescente sont enlevés. Qui a bien pu vouloir du mal à cette famille idéale ? On le découvre en suivant d’une part les recherches de deux enquêteurs et d’autre part le récit de la maman séquestrée avec son époux et sa fille. Les indices et les aveux montrent vite que les Denbe étaient loin de constituer une famille parfaite. Une belle réussite que ce thriller qui va bien au-delà des codes du genre.
L’apparence se fissure de la même façon dans « Une vraie famille » (3). Un couple de quinquagénaires, retirés dans leur résidence secondaire en Bretagne, engage pour de menus travaux un jeune homme rencontré par hasard, au passé mystérieux et qui se rend rapidement indispensable. Ne pariez pas sur un scénario déjà lu, car si le piège est réel, Valentin Musso (« le Murmure de l’ogre »), dans ce thriller psychologique, nous égare avec finesse.
La famille encore est au centre d’« Ubac » (4), d’Élisa Vix (dont « Baba-Yaga » et « Bad Dog » ont été adaptés à la télévision), un thriller glaçant dans les Alpes hivernales. Sont revenus en même temps les loups et la sœur jumelle du mari d’Estelle. Et avec celle-ci, alors que des incidents inquiétants rappellent à Estelle un autre drame qu’elle a vécu, la peur irrépressible qu’elle fasse mal à son bébé. Devient-elle paranoïaque ou doit-elle défendre son petit comme une louve, jusqu’à la mort ?
À l’ancienne
Diplômée de biologie à l’université de Copenhague, Sissel-Jo Gazan donne, avec « le Graphique de l’hirondelle » (5), « une enquête à l’ancienne ». Un chercheur mondialement reconnu, qui avait récemment vu ses travaux sur la dangerosité des vaccins utilisés par l’OMS sur les enfants remis en cause par ses confrères, a été retrouvé suicidé. Une ex-étudiante et un flic en rupture de ban cherchent la vérité jusqu’au fin fond des forêts africaines et du passé de chacun des protagonistes.
Amateurs de polars médiévaux, « l’Étrangleur de Pirita » (6) est pour vous, qui a pour cadre le monastère des Brigittines, à une lieue de Tallinn, en cours de construction en cet hiver 1431. Ce quatrième opus de la série Melchior l’Apothicaire, de l’Estonien Indrek Hargla, a pour thème les conflits politiques et religieux de cette époque, alors que les abbesses ne veulent recevoir leurs ordres que de la Vierge Marie et non du pape et que les Estoniens de souche, de tradition païenne, s’acharnent à défendre leurs terres, que l’Ordre s’accapare.
La bonne santé du polar a conduit les éditions Robert Laffont à lancer une nouvelle collection polar/thriller, « La Bête noire », riche déjà de trois forts ouvrages : « Tu tueras le Père », de l’Italien Sandrone Dazieri, « Tout le monde te haïra », d’Alexis Ubenque, et « les Fauves » (7). Ancienne psychocriminologue, Ingrid Desjours met en scène une jeune femme, qui, à la tête d’une ONG, emploie les méthodes les plus radicales pour lutter contre le recrutement de jeunes par l’État islamique. Devenue la cible des extrémistes de tous bords et objet d’une fatwa, elle demande l’aide d’un vétéran de l’Afghanistan, capturé par les talibans et traumatisé. L’une et l’autre sont comme deux fauves attirés et méfiants, plus féroces qu’il y paraît et sachant qu’il n’y a pas pire prédateur que celui qui vous aura apprivoisé.
Effroi
Comment reconnaître la fiction de la réalité ? « L’Enfant dans la Tamise » (8) a toute l’apparence d’un thriller et pourtant c’est un document, qui se situe entre l’enquête et le témoignage. Il est écrit par Richard Haskins, professeur de théologie à l’université de Bath et chercheur en criminologie, qui, après avoir vécu plusieurs années au Congo et au risque de réveiller un drame personnel, a pu identifier à qui appartenait le torse d’un jeune garçon noir retrouvé en septembre 2001 dans la Tamise. Il était originaire de la tribu Yoruba, au Nigeria, et il a été victime, comme bien d’autres, d’un trafic d’enfants et envoyé en Europe pour y être sacrifié.
Scénariste, réalisateur et auteur de fantastique, de polar, d’horreur et de thriller, le Québécois Patrick Senécal a publié « le Vide » (9) en 2007 avec un grand succès outre-Atlantique ; on découvre le livre aujourd’hui avec intérêt et effroi. Il s’ouvre au chapitre 21 quand une femme abat de sang-froid son ex-mari, la compagne de ce dernier et leurs deux bébés ; il se poursuit par le chapitre 8, puis le 22, retour au 1, etc., un méli-mélo de quarante chapitres assaisonné de scènes choc et trash. Cette chronologie éclatée sert en fait à ne pas nous perdre dans ce pavé de plus de 700 pages. Au cœur du livre sévit un milliardaire qui, pour se désennuyer, a créé et présente une émission de téléréalité dont les participants peuvent réaliser en direct leurs fantasmes les plus fous. Patrick Senécal montre jusqu’où l’homme peut descendre dans ce qu’il y a de pire. Le tableau n’est pas beau, certaines scènes difficilement supportables, le tout incite à la réflexion.
(2) Albin Michel, 506 p., 22 euros.
(3) Seuil, 375 p., 19,90 euros.
(4) Rouergue, 181 p., 18 euros.
(5) Mercure de France, 539 p., 25 euros.
(6) Gaïa, 383 p., 23 euros.
(7) Robert Laffont, 430 p., 20,50 euros.
(8) Belfond, 382 p., 21 euros.
(9) Fleuve , 729 p., 22,50 euros.
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