À l’origine du site Terrafemina.com, qui se présente comme « le média des femmes actives », Adèle Bréau transforme son expérience – et celle transmise par sa grand-mère, Ménie Grégoire – sous la forme du roman. « La Cour des grandes » (1) raconte, avec humour et férocité, le quotidien de quatre amies à l’aube de la quarantaine dans le Paris branché et bobo du 9e arrondissement : des mères débordées, prises en étau entre l’école et les activités des enfants, leur boulot, la tenue de la maison et le conjoint. Qu’elles donnent la priorité au couple, aux enfants ou à la carrière, ces Desperate Working Mums partagent la même galère, sans pour autant se laisser totalement abattre.
Mais qu’en est-il des hommes qui partagent la vie de ces amazones d’aujourd’hui ? Effacés et souvent égratignés, ils sont au premier plan des « Jeux de garçons » (2), un deuxième tome dans lequel Adèle Bréau rembobine le temps et montre, sur la même période de l’année écoulée, la vision qu’ont les héros masculins des mêmes événements. Une suite de ces deux tomes est déjà prévue.
Pour la vie ou pour un soir
Dans son premier roman, « Je le veux » (3), Elizabeth Kennedy, transfuge du droit, met en scène une jeune avocate qui, à huit jours de son mariage, n’est plus sûre de vouloir épouser l’homme qui est fou d’elle et que tout le monde trouve idéal. Elle l’aime aussi, mais elle doute d’elle-même : saura-t-elle lui être fidèle, et surtout, le voudra-t-elle ? Pendant une semaine la fiancée déboussolée va se noyer dans une débauche d’alcool, de sexe et de drogue pour mieux retourner ces questions dans sa tête et écouter les avis – contradictoires – de ses meilleures amies. Une comédie qui donne à réfléchir, même si les personnages ont érigé l’excès en mode de vie.
Marion, une jeune femme bien sous tous rapports et célibataire, se lance à la recherche de l’homme de sa vie pour se marier. Sous-titré « Journal sexy d’une trentenaire », « les Crevettes ont le cœur dans la tête » (4) est signé Marion Michau, chroniqueuse du « Sexy Blog » dans « Voici ». Son but est de montrer une trentenaire qui affronte son célibat avec optimisme et dérision, c’est-à-dire en enchaînant les aventures, tantôt calamiteuses, tantôt sublimes, sous l’œil vigilant de ses trois meilleures copines. Une succession d’anecdotes et de portraits pour rire.
Le journal est à la mode cette saison, au même titre que le sexe. Le jeune auteur Thomas Raphaël (« la Vie commence à 20 h 10 » et « le Bonheur commence maintenant ») propose, sous le titre « Pour un soir seulement » (5), le « Journal (sexuel) d’une ex-petite moche », une comédie romantique avec un arrière-plan dramatique. Porteuse d’un anévrisme cérébral, une jeune femme qui cherchait en vain, via un site de rencontres, un homme « pour la vie », transforme sa demande en « pour un soir seulement ». Croulant alors sous les réponses, elle repousse la date de l’opération et prend rendez-vous sur rendez-vous. Rien d’égrillard dans ces pages, simplement le parcours en accéléré d’une femme qui apprend à assumer son corps et son désir afin de vivre enfin, avant de, peut-être, mourir.
Chez les riches
Véronique Mougin, qui s’est distinguée avec plusieurs essais sur les SDF et les femmes en galère, nous introduit, dans son premier roman, chez les nantis et les puissants. « Pour vous servir » (6) est la somme des confidences d’une gouvernante chez les ultrariches, qui a rendu son tablier après vingt ans de bons et loyaux services toujours peu ou mal récompensés. On entre ainsi dans une dizaine de grandes maisons et châteaux et autant de familles de la noblesse et de parvenus, de patrons d’industrie et d’hommes politiques, d’héritières et rentières en tout genre. En entomologiste distinguée et sous la forme d’anecdotes savoureuses, elle épingle les travers détestables de ce « beau » monde avec causticité mais sans grande méchanceté, en tout cas sans appeler à la révolte.
Ce sont justement les tribulations d’une ex-riche Anglaise contrainte de quitter son splendide appartement avec vue sur la tour Eiffel, que propose de suivre Agathe Colombier Hochberg (« Ce crétin de Prince Charmant », « Mes amies, mes amours, mais encore ? ») dans « les Vies turbulentes de Lady M » (7). Nécessité oblige, la distinguée septuagénaire, qui n’a jamais travaillé de sa vie, se pique de transformer sa propriété du Lot-et-Garonne en chambres d’hôtes à son image de grande bourgeoise, avec l’aide quand même de son majordome et de sa petite-fille, tout juste séparée. Entre les idées loufoques de la vieille dame, qui rajeunit à vue d’œil sous l’effet de l’action, ses voisins hippies et des hôtes insupportables, rien ne se passe comme prévu, mais mieux que chacun n’aurait osé l’espérer. On est ici dans la feel good literature, qui ne mange pas de pain mais donne le sourire et la pêche…
(2) JC Lattès, 448 p., 19 euros.
(3) Robert Laffont, 490 p., 22 euros.
(4) Albin Michel, 297 p., 18 euros.
(5) Flammarion, 413 p., 15,90 euros.
(6) Flammarion, 363 p., 19,90 euros.
(7) Fleuve éditions, 283 p., 18,50 euros.
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