RICHTER associe un classicisme qu’il considère essentiel à sa vie à une remise en question de sa création, liée à son amour de « l’incertitude, de l’infini et de l’insécurité permanente ». Né à Dresde, en Allemagne, il poursuit ses études de beaux-arts à Düsseldorf et représente la RFA à la Biennale de Venise en 1972. Il y expose ses premières séries, commencées dans les années 1960, celle des « photos-peintures », qu’il considère comme « une démarche anti-artistique ». La photo choisie (ou un détail) est agrandie et recopiée et un brossage superficiel de la peinture encore humide donne un aspect flou à l’image. Richter réalise ainsi des portraits de famille, des vues de mer et de nuages toujours imprévisibles et changeants. Il signe des évocations du passé nazi de sa famille et, plus tard, une série intitulée « 18 octobre 1977 », qui reprend des images de presse des leaders du groupe de la bande à Baader. Le gris de la photo est pour lui « l’absence d’opinion, le ni… ni ». Il la réutilisera dans une période sombre de sa vie pour recouvrir des tableaux figuratifs dont il est insatisfait et moduler ainsi des effets d’optique. Seule exception paradoxale à ce gris, les paysages inhabités qui évoquent en couleurs une campagne mélancolique à la manière de Caspar Friedrich.
Laisser venir.
À la fin des années 1960, parallèlement à cette peinture figurative, il marque une rupture avec des grilles colorées lisses et nettes, à la manière d’échantillons de couleur posés de manière aléatoire, déclinant ainsi une multitude de nuances. Puis des compositions aux couleurs vives associent un travail de fond très minutieux et une expression gestuelle superficielle forte, « un monde de diversité en transformation constante ».
Les années 1980 marquent le tournant vers les grandes compositions abstraites, qui représentent dès lors l’essentiel de son œuvre. Il « laisse venir les choses au lieu de créer » en raclant la peinture fraîche sur la toile avec une planche en bois ou en métal, laissant apparaître de manière aléatoire de nouvelles formes colorées, qui surgissent de la superposition des couches précédentes. Comme ses panneaux de verre, fenêtres ouvertes sur l’extérieur, tout est fait pour interagir avec le spectateur. L’exposition, avec sa présentation par série et par thème, donne une grande lisibilité à son œuvre magistrale, faite de diversité et de permanence. Impression confortée par la présentation dans le même temps, au musée du Louvre (jusqu’au 17 septembre), de ses œuvres sur papier, des premières linogravures des années 1950 à ses dernières aquarelles.
Centre Pompidou (tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr), tous les jours de 11 à 21 heures, sauf le mardi, jusqu’au 24 septembre.
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