Au Jeu de Paume (1), deux expositions jusqu'au 22 mai. La première réunit 130 tirages d’époque du photographe d'origine hongroise François Kollar (1904-1979), autour de son grand œuvre, « La France travaille ». Un reportage sur l’industrie française commandé par les Éditions des Horizons de France, réalisé entre 1931 et 1934 et publié en 15 fascicules. Un témoignage unique sur l'industrie, l'agriculture, l'aviation, l'artisanat, les secteurs automobile, nautique et ferroviaire. Travailleur chez Renault avant de devenir photographe, Kollar met en valeur les connaissances techniques et l’esthétique acquise dans les photos de mode de ses débuts. Un témoignage unique sur la production en série, sa rationalisation et standardisation, et sur la société française en mutation, dans lequel le travailleur est valorisé. Une autre commande suivra dans les années 1950, sur l’engagement économique français dans les colonies de l’Afrique occidentale française.
À voir aussi au Jeu de Paume, les œuvres de la Portugaise conceptuelle Helena Almeida, qui associe dessin, photo, vidéo, dans lesquelles elle se met en scène pour remettre en question le statut de l’image.
Artistes au travail
La Fondation Henri Cartier-Bresson (2) présente jusqu'au 4 avril les portraits la scène artistique italienne et new-yorkaise des années 1960 de l’Italien Ugo Mulas (1928-1973). Ils ne ressemblent pas aux autres car il veut « donner une idée du personnage par le résultat de son travail ». Calder joue avec ses sculptures, Giacometti est espiègle, Fontana se concentre avant de couper sa toile, Frank Stella est appliqué, tirant la langue sur ses lignes, Barnett Newman commente avec force gestuelle le vide de ses toiles, Duchamp ne fait rien, « une autre façon de faire et poursuivre son discours »… À cela s’ajoute « Vérifications », ses interrogations après 20 ans de pratique autodidacte. Le tout avec 60 tirages en noir et blanc d’époque.
À la Maison européenne de la photographie (3), jusqu'au 27 mars, 180 photos de Bettina Rheims explorent la féminité et la question de genre. Grand formats et gros plans, séduction et provocation, pose suggestive et sexualisation, intimité ou transgression, des portraits très construits de stars ou d’anonymes. « I.N.R.I. », une relecture de la vie du Christ. Un reportage sur des femmes en prisons.
À la MEP également, le « photographe rock’n’roll » Renaud Monfourny, dont les reportages et portraits ont donné son style au magazine « les Inrockuptibles ». Et quatre photographes taïwanais (Yang Shun-Fa, Hung Cheng-Jen, Chen Po-I, Yao Jui-Chung), qui, sous le titre « Lendemain chagrin », se penchent sur les ruines de leur pays, conséquences de l’industrialisation excessive et des catastrophes naturelles, avec les villages et ports abandonnés après le succès international du made in Taïwan des années 1980 (informatique et nouvelle technologie). Mais la spiritualité persiste.
Légèreté
Au centre Pompidou (4), jusqu'au 23 mai, « les Années 1980, l'insoutenable légèreté » (entrée libre). Les photos sont « fabriquées », ignorent les réalités économiques et profitent des progrès techniques (développement du Polaroid, couleur de bonne qualité, grand format) et de l’intérêt des institutions pour ce medium. Il y a une culture de l’apparence au détriment du réel, dans les décors qui dénoncent une société bourgeoise (BazileBustamante), une vision de classe qui enregistre les codes sociaux (Martin Parr, Florence Paradeis, Agnès Bonnot), de la mise en scène avec le développement de photos d’installations (Joachim Mogarra). Et même les portraits (Jean-Paul Goude, Pierre et Gilles, Ellen Carey) deviennent subjectifs, dévoilant la personne autant qu’ils la cachent. Reprenant une partie du titre du roman de Kundera, les 100 photos et vidéos témoignent de la légèreté paradoxale de la photographie de la décennie.
(1) Tél. 01.47.03.12.50, www.jeudepaume.org.
(2) Tél. 01.56.80.27.00, www.henricartierbresson.org.
(3) Tél. 01.44.78.75.00, www.mep-fr.org.
(4) Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr.
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