Art
Née dans une famille aux valeurs traditionnelles, un temps mannequin, Niki de Saint Phalle s’initie à l’art à New York, avec son premier mari, l’écrivain Harry Matthews. Après plusieurs électrochocs pour schizophrénie, à Nice, elle qui, enfant, voulait devenir « une héroïne », commence à peindre avec des dripping à la Pollock et des inclusions de divers matériaux à la Rauschenberg.
La création ne peut s’arrêter à la maternité. La femme devient son sujet et elle « veut avoir les privilèges de l’homme ». Elle s’attaque au mariage, vu comme la mort de l’individu et de l’amour, avec les « Mariées » en plâtre blanc, aux bras chargés de bébés, d’araignées, de pistolets et bigoudis. Au sexe, avec les « Prostituées » provocatrices, qui pourraient être simplement des femmes décomplexées. À l’accouchement, soumission à la condition maternelle ou culpabilité d’avoir quitté ses enfants depuis qu’elle vit avec Jean Tinguely.
Mais il y a aussi les « Nanas », incarnations de déesses mythologiques à la fois fécondes et dotées du pouvoir surnaturel. Elles sont joyeuses, colorées, aux formes généreuses, dansantes, déclinées en bijoux, ballons gonflables, lithographies, fleurs bleues et jusqu’à une maison de 22 mètres de long, « Hon », réalisée en 1966 pour le musée d’Art moderne de Stockholm – on y entrait par le vagin.
Au cours de ces années, des performances filmées de tirs font exploser des poches de couleurs sur des cibles : un amoureux, les vieux maîtres, un autel, auquel par un jeu de mot elle associe l’OAS de la guerre d’Algérie, car c’est aussi une militante. Elle rejoint alors les Nouveaux Réalistes.
Les années 1970 sont celles du père prédateur, avec le film « Daddy », dans lequel un phallus remplace le mort dans le cercueil, car le sien l’aurait violé à 11 ans, et des mères dévorantes. « Je me consacre à cette mère que l’on aimerait ne pas être », à savoir le témoin passif ou complice. Dans ses installations, elle veut apporter la joie et l’humour, comme dans le jardin des Tarots, en Toscane, et les installations à Hanovre, Jérusalem, Paris, devant le centre Pompidou, et en Californie.
Oscillant toujours entre la révolte et un rêve de bonheur, c’est dans son imaginaire qu’elle trouve ces créatures. « Le Rêve de Diane » juxtapose des monstres et le soleil et la tête double de Janus, dualité du monde et de sa création.
Grand Palais, tous les jours, sauf le mardi, de 10 à 22 heures (lundi et dimanche jusqu’à 20 heures). Jusqu’au 2 février. Tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr.
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